Quel rôle ont joué les leaders religieux afin de trouver une solution à la crise que traverse le pays?
[caption id="attachment_60882" align="alignleft" width="250" caption="Mohamoudou Dicko"]

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Il est difficile de pouvoir dire le rôle dans la mesure où nous n’avons pas fini le jeu. En tant que religieux, je suis toujours optimiste. En réalité, je ne dirais pas que c’est un ko, mais plutôt une crise que traverse notre pays. J’ai l’espoir que nous allons, par la grâce de Dieu, retrouver les ressources nécessaires pour pouvoir dépasser cette crise, incha Allah. Maintenant, ce que nous avons joué comme rôle, c’est d’abord prier en rassurant tout un chacun de rester optimiste. Ensuite, le plus important, c’est de faire confiance à Dieu et à nous-mêmes. Il ne faut pas qu’on pense que c’est la fin ou encore l’apocalypse. Il faut retenir que cette pensée n’est pas une bonne lecture.
Les difficultés que nous avons aujourd’hui doivent nous insister à trouver des solutions adéquates. Les Maliens doivent tirer beaucoup de leçons à travers cette crise afin de ne plus être confrontés à une situation similaire. A savoir que pour y arriver, il faut qu’on se donne la main et mettre en exergue le dialogue. Si réellement il y à une leçon à tirer de tout ce que nous avons enduré, c’est d’accepter de se remettre en cause. Un malheur n’est jamais gratuit. Il faut que les Maliens acceptent de revoir leur comportement dans tous les domaines. S’il y a un problème, c’est forcement le résultat du comportement des Maliens.
Pensez-vous que cette crise institutionnelle et sécuritaire est le résultat de la mauvaise gestion de l’ancien régime?
Depuis je suis venu à la direction du Haut conseil, j’ai constaté qu’il y avait une défaillance du système sur le plan de la gestion du pays. Il y avait l’injustice et la corruption généralisées au niveau de tous les corps. En faisant une analyse de la situation, il ne servira à rien d’accuser qui que se soit. Nous devons en tirer des leçons et chercher des solutions pour un Mali uni et équilibrer.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur le comportement des hommes politiques et tous les autres acteurs à travers leur participation à la gestion de ses crises ?
Avant le coup d’Etat, quand on parlait de rébellion du nord, je soulignais que le problème du Mali ne se résume pas seulement à la crise du nord. Mais plutôt une mauvaise gouvernance du Pays. Il faut savoir que nous ne pouvons pas ignorer le népotisme, la corruption, l’injustice et croire qu’au finish çà ne s’écroule pas.
Par ailleurs, en essayant de trouver une solution pour cette crise, nous avons jugé qu’il fallait ressembler toutes les forces vives de la nation notamment la classe politique, la société civile, les leaders religieux et afin de parvenir à une résolution fiable pou le Mali.
Quelle appréciation portez-vous sur les arrestations après le retour à l’ordre constitutionnel ?
Je ne peux pas vous dire grand-chose parce qu’en réalité j’ignore les motifs pour lesquels les gens ont été arrêtés. Il faut savoir que, jusqu'à présent, il y a un malaise profond. Face à une telle crise, il serait bien de prier afin que cette situation s’arrête dans la capitale pour que nous puissions faire face au problème du nord.
Quelle a été la partition du Haut conseil dans la gestion de la crise du septentrion surtout quand on parle d’islamiste?
Il faut savoir que le Haut conseil ne peut pas jouer le rôle de l’Etat. A noter qu’il y a un gouvernement sur place dont la tâche est de veiller au bon fonctionnement de l’Etat. Mais par compte, en tant que citoyen, si l’Etat sollicite notre apport pour la gestion de la crise, il faut retenir que nous sommes prêts à accomplir notre rôle.
Est- ce que vous êtes parvenus à entrer en contact avec Ansar Eddine en tant que chefs religieux afin de parvenir à un accord ?
Nous ne pouvons pas parler avec eux à la place de l’Etat. Il faut que cela soit clair. Nous restons dans cette logique de respecter cette légalité. Il faut savoir que nous sommes conscients des responsabilités qui nous reviennent. A noter que le jour où le gouvernement va nous mandater de commencer un dialogue sur le plan religieux, nous allons répondre et faire de notre mieux. Par ailleurs, nous sommes entrés en contact avec Ansar et autres afin d’aider les populations du nord sur le plan humanitaire. Sur ce point, Dieu merci, en envoyant des émissaires, nous avons eu de bons résultats et il ne reste plus que d’envoyer les convois.
Les populations du nord pensent que le gouvernement du Mali a oublié sa priorité qui est la reconquête du nord. Quelle est votre vision par rapport à cette situation ?
Il faut reconnaitre que quand un système est confronté à un drame, ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut trouver des solutions. Il ne faut pas se leurrer en se disant que demain nous allons libérer le nord. C’est un fait qu’il faut accepter. Sachez que le problème du nord est aujourd’hui une préoccupation majeure, non seulement pour le gouvernement, mais aussi pour toutes les couches de la société.
Nous sommes à quelques jours de la fin des 40 jours du mandat de Dioncounda Traoré, président par intérim. Ne serait-t-il pas mieux de prendre des dispositions avant la fin de son mandat afin de préparer la transition ?
Sachez qu’il y a des initiatives qui sont en cours et peut-être qu’il y aura des concertations bien avant la fin du mandat de Dioncounda. Je suis sûr que les Maliens sont capables de trouver une solution à ce problème.
Après les affrontements entre les Bérets rouges et les autres corps de l’armée. Quel appel avez-vous à lancer à tout le peuple malien ?
Il faut d’abord essayer d’éteindre le feu au lieu de chercher des coupables. Je fais un appel de patriotisme de tout un chacun pour qu’on se donne la main et faire un sursaut national pour trouver des ressources nécessaires afin de dépasser cette crise qui a trop duré. En ce qui concerne les affrontements, je tiens à souligner qu’une crise engendre toujours une crise. Mais le plus important, c’est de pouvoir faire face au problème avec des solutions adéquates. En définitive, nous avons besoin de la participation de tout un chacun pour aider le Mali à retrouver la stabilité.
Propos recueillis par
Nouhoum DICKO