Seconde lecture du Code des personnes et de la famille : Les organisations féminines du Mali ont abandonné le combat

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L’adoption le 2 décembre dernier par l’Assemblée Nationale du projet de loi portant Code des personnes et de la famille a mis les organisations et les associations dans tous leurs états. En réalité, elles ont abandonné le combat par manque de courage. 

Le Code des personnes et de la famille ne fait pas l’unanimité. Si les élus de la nation et les associations islamiques se félicitent d’avoir gagné leur pari, les organisations et associations féminines et celles de défense des droits de l’homme crient au scandale. Après l’Union interafricaine des Droits de l’Homme dirigée par notre compatriote, Me Bréhima Koné, la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, c’est à l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes au Mali (APDF) de monter au créneau le 10 décembre, lors de l’Espace d’Interpellation Démocratique (EID).  Criant à la trahison et au mépris, l’association a profité de l’EID, une tribune populaire, pour dénoncer ce qu’elle a appelé un recul de 50 ans en matière de droits de la femme au Mali. La représentante de l’association, Mme Diawara Bintou Coulibaly a eu les mots justes pour assener ses vérités au nom des femmes maliennes : « Ce code est un recul de 50 ans en matière de droits de la femme au Mali. C’est un Code rétrograde par rapport au Code de 1962. Il ne reflète pas la volonté du Chef de l’Etat Amadou Toumani Touré et n’est pas conforme à la Constitution de notre pays… Et ce, malgré nos propositions ». Ces propos de la représentante de l’APDF traduisent l’amertume des femmes après le vote triomphal du nouveau Code des personnes et de la famille. De passage, Mme Diawara a pointé un doigt accusateur sur les associations islamiques qui selon elle, auraient opposé leur veto. Personne ne souhaite en cette veille d’année électorale attirer les foudres des associations islamistes. C’est pourquoi la classe politique s’est empressée à saluer le consensus obtenu entre les différentes parties. Or le texte issu de la seconde lecture est loin d’être consensuel.

Abandon du combat par manque de courage !

Mais en réalité, comme le dit l’adage, au lieu de s’en prendre à l’endroit où l’on est tombé, on doit accuser là où l’on a trébuché. Pour dire que les organisations et associations féminines n’ont mené aucun lobbying pour faire pression sur le gouvernement et l’Assemblée nationale afin de ne pas voter le texte réécrit sous la dictée des islamistes, pour reprendre l’expression d’un célèbre défenseur des droits de l’homme. Elles n’ont rien fait. Ni marche de protestation, ni meeting ! Au moment où les islamistes se sont montrés maîtres des rues, les femmes se cachaient sous leurs ‘’gros foulards’’ pour ne pas faire l’objet de Fathia dans les mosquées. Comment comprendre le silence radio de la très puissante Coordination des associations et organisations féminines (CAFO) ? Contrairement à ses habitudes, la CAFO a préféré garder le profil bas. D’habitude très bavarde et prompte à réagir, la présidente de la CAFO, Mme Oumou Touré, a superbement ignoré le Code des personnes et de la famille dans son discours à la tribune de l’EID. Le silence de cette dame dont le courage et les prises de position ébranlaient plus d’un est suffisamment révélateur d’un grand malaise. Quid du Groupe Pivot Droit et Citoyenneté des femmes, du Réseau des femmes ministres et parlementaires, de la fédération du collectif des organisations féminines, du collectif des femmes du Mali ?

Elles ont toutes abandonné le combat. Et cela par manque de courage ! Ah, sacrées féministes de salon !

Par Daouda T Konaté

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