Nouveau Gouvernement : Le changement sans les forces vives

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Le changement, c’est désormais l’expression à la mode depuis le 22 mars 2012. Depuis cette date, l’idée d’hommes neufs, pour gérer les affaires publiques, fait son petit bonhomme de chemin. Les adeptes de cette théorie s’affichent en soutiens de la junte militaire. Pourtant, tous s’y prennent mal. Et pour causes ?

                D’abord le Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE). Son erreur, c’est de s’accrocher à un changement non sens. S’il s’agit de redresser la démocratie malienne, il n’y a pas d’autre remède que de réguler le jeu démocratique. Ce qui passe par le seul diagnostic qui vaille : notre démocratie est malade de la gestion militaro-indépendantiste qu’elle a enfourchée en 2002.

En effet, en 2002 le Président Alpha a cru bon de confier le pouvoir à un indépendant de surcroît porteur d’uniforme, Att, qui avait déclaré que pour être candidat à la présidentielle, tout militaire doit déposer l’uniforme. Mais le seul militaire qui se portera candidat, c’est Att. Une fois à Koulouba, il s’est autoproclamé Président de la demande sociale, avant de trahir les martyrs de mars 1992 et ses propres promesses. Il a érigé la corruption et l’impunité en système de gestion. Il a réduit en leur simple expression les partis politiques, respectueux des principes démocratiques et de la Constitution, donc attendant la passation du pouvoir par les urnes et non pas par un coup d’Etat. Att lui-même disait qu’il est seul responsable de son bilan devant le peuple. Et c’est lui qui a principalement tout géré, en posant toutes les premières pierres, même pour construire un poulailler. Il avait certes ses hommes dont principalement Ahmed Diané Séméga, l’éternel ministre dans tous les gouvernements, Ibk à la tête de la première Assemblée Nationale et Dioncounda Traoré à la tête de la seconde qui a voté toutes les lois décriées dans ce pays. A ceux-ci, s’ajoutent les hommes des différents gouvernements sous Att. Le changement d’hommes devait concerner ceux-ci. Et des poursuites pourraient être engagés contre les délinquants financiers, et épargner ceux sont blancs comme neige. La nouvelle équipe aurait pour mission de traduire le changement en réalité : libérer le Nord, organiser des élections libres et transparentes, circonscrire la corruption et l’enrichissement illicite…

Chers lecteurs, comment peut-on comprendre que le changement promis par le CNRGRE ne puisse demander aucun compte ni à Att, ni à Séméga, ni à Dioncounda, mais à des hommes qui n’ont ni participé aux différents gouvernements sous ATT, ni à l’Assemblée Nationale ? Pis, le CNRDRE veut faire le Mali sans l’UNTM, mais avec la CSTM. Il arrête Tiéman Coulibaly qui n’a participé à aucun gouvernement de 1960 à nos jours, et Soumaïla Cissé, absent depuis une décennie et qui vient d’honorer le Mali en portant haut l’UEMOA dont les différents Chefs d’Etat lui ont rendu tous les honneurs.

Non, le changement voulu, c’est de faire les héros applaudis par tous ou taire tous ceux qui ne soutiennent pas les putschistes. Et au lieu d’un gouvernement d’union nationale, on forme un gouvernement de désunion et d’exclusion. Parce que des opportunistes ont parlé de changement, le pensant à leur seul profit.

Des hommes politiques devenus profiteurs d’un coup d’Etat, c’est le monde à l’envers. C’est dire qu’ils s’y prennent mal. Ils ont oublié que Att est le second militaire, après Moussa Traoré, à échouer dans la démocratisation. Et rien ne prouve que Sanogo réussira, lui qui n’a jamais voté selon ses propres termes. Et l’adage dit qu’il n’y a jamais deux sans trois. Il est le troisième militaire à venir par un coup d’Etat, il peut réussir ses débuts comme les précédents notamment lors de cette phase transitoire s’il ouvre bien les yeux et les oreilles. Dès lors il doit avoir comme seul objectif de redresser la démocratie sans en être un acteur principal, n’étant pas politique, et de restaurer l’Etat. Ce qui suppose qu’il laisse au peuple son pouvoir à travers des élections et non une stratégie d’exclusion. Qu’il libère le Nord afin de permettre des élections crédibles. Et l’on verra si les profiteurs pourront mobiliser, non pas les Bamakois à travers des marches de soutien au CNRDRE, mais l’ensemble des Maliens de l’intérieur et de l’extérieur.

Il semble que le Premier ministre Cheick Modibo Diarra ne danse pas au son des clairons de soutien. Le gouvernement qu’il vient de former a superbement ignoré le mouvement créé au nom du 22 mars, le MP22. Donc un gouvernement distant des forces vives de la Nation et qui, dès les premières difficultés, peut tomber faute de soutiens conséquents, faute de forces mobilisatrices.A moins d’utiliser la violence ou même les armes, auquel cas la chute sera inévitable.

Il reste cependant à espérer que ce gouvernement puisse relever les défis de la transition.

Mamadou DABO

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7 COMMENTAIRES

  1. Cher TOUS,

    Avant de se réclamer défenseur ou contre les putschistes du 22/03/2012, quel est le malien, à ce jour, pouvant nous indiquer les informations ci-après sur CNDRE :

    • Son acte de création ;
    • Son statut ;
    • Ses missions ;
    • Sa composition ;
    • Son organisation etc…

    Ainsi, ces différentes précisions pourraient nous permettre d’apprécier sa légalité, légitimité d’engager, à travers un « accord cadre », le peuple malien auprès d’instances internationales d’une part et d’autre part sa capacité technique et opérationnelle à jouer un rôle majeur pendant la prochaine convention des forces vives et la transition qui s’annonce inexorablement.

    Salutations à tous.

    Aliou TRAORE

  2. Il faut également préciser que vouloir le changement ne veut pas nécessairement dire que l’on supporte le CNRDRE. Seulement, les dénonciations du citoyen lambda sont toujours considérées par les pouvoirs comme l’aboiement du chien qui ne doit pas empêcher la caravane de progresser. Il résulte que face à des dirigeants qui méprisent leur peuple et sont sourds aux cris de détresse de leur population, la seule voie de recours reste les homme armés pour forcer le changement. Sinon la critique constructive dans un contexte de débat contradictoire peut induire le changement mais à la seule condition que les dirigeants aient de l’estime pour peuple, restent à l’écoute de celui ci et capitalisent ses critiques et suggestions. Il suffit de comprendre que la qualité d’un dirigeant se mesure à l’aune de sa capacité à répondre aux aspirations de son peuple, qui lui reste, pendant que les dirigeants ne sont là que pour un temps.

  3. Pauvre journaliste, nous avons depassé ce temps le peuple a ouvert les yeux ne pense pas que tu peut encore nous tromper. Si tu n’a rien à dire, tait toi.

  4. Arrête de nous distraire Mamadou DABO. Le partage du gâteau malien est terminé terminé…..Les forces vives de la nation ne sont ni UNTM de Siaka encore moins les représentants des partis politiques. Il s’agit des hommes capables.

  5. Soumaila Cissé est au service de la CEDEAO pour plomber le Mali. La CEDEAO n’a pas interet à venir au Mali pour controler une quelconque transition. Sinon le peuple malien malien se dressera comme un seul homme pour les foutre dehors. Bande de mercenaires à la solde de Nicolas Sarkosy. On a besoin certes de l’aid militaire en logistique pour le nord.

  6. La position de Dabo est connue ; c’est le type de journaliste qui vit de quête et de bons d’essence. Il n’ y a plus de forces vives au Mali, c’est ce que le “djournaliste” ne comprend pas. UNTM et CSTM ! ce n’est que le produit de la division de la société malienne. Soumaila Cissé ! Oui, il était absent depuis 10 ans. Combien ce jeune sonrhai a volé avant de s’émigrer à l’UEMOA ?

    • Wokloni tu a parfaitement raison les forces vive du mali sont a fana zangasso bla kouri ténékou nioro kidal et autre et eux ils n’ont pas droit a la parole !!

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