Condamnant le coup d’état par «principe», la Codem apporte néanmoins son soutien total aux putschistes. Les jeunes, les femmes et la direction du parti ont tenu à expliquer cette contradiction apparente.
Mardi 27 mars, au siège de leur parti, les jeunes, les femmes et le bureau national de la Convergence pour le développement du Mali (Codem) ont rencontré la presse pour «clarifier leur position par rapport à ce qui se passe», autrement dit leur point de vue sur le putsch du 22 mars qui a renversé le régime du Président ATT.
Après le mot introductif d’Alasane Abba, secrétaire général du parti, Moussa Kanta, président du mouvement national des jeunes, a pris la parole pour condamner cet «acte antidémocratique» qu’ils ont appris avec consternation. Cependant, selon le leader des jeunes, en considération de «l’effritement de l’autorité de l’Etat, la perte de repère par la jeunesse, la souffrance de la majorité des Maliennes et Maliens due à plusieurs maux, notamment la crise au nord, la crise alimentaire, la crise scolaire, l’injustice, l’insécurité et le chômage grandissant des jeunes», la jeunesse Codem s’engage à accompagner le redressement de la démocratie et la restauration de l’état.
A son retour, Mme Gologo Aminata Diarra, présidente du mouvement national des femmes Codem, affirme qu’après analyse de la situation politique du pays, elles ont pris acte de la prise du pouvoir par le Cnrdre. Invitant toutes les femmes du pays à se mobiliser derrière les putschistes, elle exhorte ceux-ci à faire de leur priorité absolue «la défense de l’intégrité territoriale, la sécurisation des personnes et de leurs biens, la restauration de l’autorité de l’Etat, le redressement de la démocratie, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’équité des chances et le respect du genre» et, tout comme les jeunes, elle a exigé l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles.
Le clou de l’exercice sera le discours liminaire du président du parti, Housseïni Amion Guindo, qui va s’efforcer de justifier le choix de la Codem d’accompagner les putschistes. En premier lieu, avertit-il, le coup d’état du 22mars n’est dirigé ni contre ATT ni contre le peuple ou la démocratie, mais contre les pseudos démocrates qui pillent le pays depuis 20 ans et espèrent continuer encore pour 10 autres années.
Aux dires du président de la Codem, ces faux démocrates ne sont restés dans l’entourage d’ATT que pour mieux le tromper et abuser de sa bonne foi afin de lui succéder un jour.
Pour ce faire, plusieurs dizaines de milliards ont été «ramassés sur la sueur et le sang des Maliens», des trésors de guerre avec lesquels «sans gène, sans honte et avec incidence ils se disposaient à acheter les consciences et les voix lors de la fête de la démocratie du 29 Avril, la démocratie de l’argent». Mais même s’il n’est pas dirigé contre ATT, ce coup d’état, la Codem le condamne par principe, au nom de la vraie démocratie.
Cependant, au vu de toutes les basses manœuvres en cours contre l’éthique et la morale, ce parti, selon son leader, comprend, accepte, adhère aux idéaux, qu’ils partagent, du Cnrdre. Il est temps de sortir du «poing des politiciens rentiers de l’Etat, de la politique business qui n’a d’autre mode de fonctionnement que de braconner les ressources de l’Etat» pour acheter des consciences.
Cheick TANDINA