Que dire qui n’ait pas été dit sinon que les mots ne suffisent plus pour décrire la situation de déliquescence actuelle de notre pays. Le Mali, en ce deuxième anniversaire de l’accession du président IBK au pouvoir, ressemble à cette image d’une voiture tout terrain 4X4 sortie d’usine conduite par un chauffeur du sud et qui s’embourbe dans le « désert des sables mouvants de Marcouba » quelque part entre Anéfis et Tessalit. Parce que tout simplement le chauffeur s’était moins bien préparé à sa mission et avait oublié de se munir d’une carte ou d’un guide pour s’orienter sur un trajet dont il avait minimisé les risques et les périls du voyage. Finalement, quand les secours arrivent, un vieux chauffeur expérimenté découvre face à l’état si parfait de la voiture que le chauffeur avait juste oublié de mettre le crabotage, le « Four Wheel drive » en marche au point que les autres secouristes se demandent s’il ne fallait pas changer le chauffeur pour le reste du chemin. Mais après un long débat, les passagers décident finalement de remonter le moral du chauffeur en lui disant la chance qu’il avait d’avoir au nord une monture d’une telle qualité et de ne pas savoir comment la faire avancer.
C’est exactement l’image du Mali en 730 jours d’IBK à Koulouba. Nul ne peut soutenir que rien n’a été fait. Les institutions tant bien que mal fonctionnent correctement, les maigres salaires sont toujours payés, un accord de paix a même été signé, en somme le pays n’est pas encore à l’arrêt. Mais tout indique que les choses vont mal, si mal que le malien lambda ne sait plus à quel Saint se vouer. Les électeurs qui n’avaient jugé que par l’homme et son nom commencent eux-mêmes à douter très sérieusement, si ce n’est même pas un euphémisme, de la capacité de l’homme, qu’ils continuent pourtant de porter dans leur cœur, à sortir le pays de l’ornière. L’analyse situationnelle révèle que le premier magistrat n’est pas un homme de dossier, que l’âge a coulé dans ses veines l’incapacité de lire un document de plus de mille mots. Alors, il se laisse facilement convaincre par les conseils de ses ministres collaborateurs dont beaucoup ficèlent les dossiers pour l’enfoncer davantage que pour l’aider à supporter sa charge. Dans ces conditions, un seul Premier ministre même bien épaulé par certains ministres travailleurs et consciencieux ne saurait tout voir et tout le temps. Ce qui explique qu’IBK n’est au courant de rien et ne voit jamais rien venir à temps. Il découvre à son corps défendant les scandales en même temps que son peuple médusé. Sinon rien n’explique que le IBK que nous avons connu si bon premier ministre sous le président Konaré qui avait « inventé » les concertations régionales pour si bien gérer la crise au nord, IBK le candidat qui avait un discours si approprié pendant sa campagne exemplaire ne peut pas, si tant est qu’il jouit encore de toutes ses facultés qui jadis le firent distinguer, laisser le pays dans une telle dérive. Il apparait aujourd’hui comme un vieux malade endormi que même les humiliations de la MINUSMA n’ont pas réussi à réveiller, parce que trahi dans sa confiance par son propre parti et sa majorité qui le font présider les choses plus qu’il ne gouverne. C’est pourquoi IBK doit inspirer notre compassion et non le rejet. Et nous devons pour l’amour du Mali trouver les moyens de l’arracher des griffes d’une majorité présidentielle vorace qui a pris en otage un homme qui ne leur doit ni son élection ni sa légitimité.
Dans ces conditions, le mieux pour lui est de ne pas censurer les compétences et de trouver une autre façon de composer son futur gouvernement en s’entourant d’expertises plutôt que de politiques. Comment expliquer cette cupidité du RPM et de la majorité présidentielle à tout vouloir, même dans les cas où elle a bien conscience de ne pas disposer de la compétence qu’il faut.
Notre rôle à InfoSept, un journal citoyen n’est pas de faire l’éloge du pouvoir et de ses réalisations. Ce travail appartient aux hiérarques du RPM et de la majorité présidentielle ainsi qu’à la cellule de communication du Gouvernement. Notre rôle, tel que nous le concevons à InfoSept, est de tremper le couteau dans la plaie pour en faire sortir le pu, de planer le miroir sur le pays et de recueillir pour les pouvoirs publics le reflet de ce que pensent les maliens de la gouvernance de leur pays de façon à les maintenir éveillés sur les vrais défis du moment. C’est seulement en cela que nous nous rendrons utiles à notre pays. Mais une presse acquise à la diplomatie du chéquier ne fera pas avancer le Mali. Les plumes qui vous «châtient» le plus ne sont pas de ceux qui vous aiment le moins. Bon Anniversaire M. le Président !
O’BAMBA
