Roue libre : Qui pousse Modibo à la roue ?
De source absolument sûre nous tenons que l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé a déclaré dans un cercle restreint d'amis que s'il n'avait pas l'onction d'ATT il ne se présentera pas à la prochaine élection présidentielle. Le président n'ayant rien dit dans ce sens, on voit mal alors cet homme monter au charbon pour se faire griller comme un criquet. Au contraire il a été presque chassé comme un malpropre pour service rendu à la nation.
De surcroît, ATT a toujours dit qu'il n'a pas de dauphin. Contrairement à Alpha qui s'est immiscé dans les affaires de l'Adema et qui lui a presque passé la main, il tient a maintenir sa réputation intacte, il ne veut pas brouiller les cartes avant son départ. Ce faisant même ses amis du PDES ne doivent pas compter sur son coup de pouce. C'est le type même de l'homme impartial qui jette le manche après la cognée.
D'où vient donc tout ce tintamarre qui nous tympanise depuis un certain temps sur la candidature de l'ex-premier ministre ? Ne cherchez pas loin car dans ce pays il suffit de sentir une petite odeur d'argent, avoir une parcelle de pouvoir et d'autorité pour que flagorneurs et courtisans accourent comme des vautours autour d'une charogne. Là-dessus il y a eu beaucoup de spéculations. Surréalistes et adeptes de la politique fiction s'en sont donné à cœur joie. Les plus zélés voyaient déjà Modibo Sidibé investi comme candidat de l'Adema pour 2012. Les oiseaux de mauvais augures prévoyaient même l'éclatement de la ruche si tel n'était pas le cas.
Toutes ces illusions ont été savamment entretenues en dépit de l'avertissement sans cesse répété de Dioncounda Traoré à savoir que "Modibo ne peut être candidat de l'Adema, il n'est pas un militant du parti" Cette mise en garde, malheureusement, est tombée dans des oreilles de sourd. Et le chant des sirènes a repris de plus belle. C'est vrai que Dioncounda de par ses déclarations fracassantes nous a donné le tournis par le passé lorsqu'il a dit que "ATT est un militant de l'Adema, il a la carte du parti". Tout le monde savait à l'époque que c'était pour justifier sa honteuse allégeance au général. Mais cette fois-ci il fallait le prendre aux mots car les abeilles ont aussi soif de miel pour ne pas reprendre les bêtises du passé. Elles veulent reconquérir le pouvoir donc regagner la gloire, les honneurs et les privilèges d'antan. Pour réaliser cette noble ambition, il n'y a pas de place pour un intrus. Or Modibo Sidibé c'est quelqu'un qui passe à table sans même y être convié. Du moins c'était le vœu le plus ardent de ses thuriféraires. Mais avec la clôture du dépôt des dossiers dans la ruche, les carottes sont déjà cuites pour l'ex-premier ministre. Cela signifie tout simplement, comme l'a dit Dioncounda Traoré, qu'à l'Adema Modibo est inconnu au bataillon. Ses supporteurs, en particulier les femmes, peuvent toujours se trémousser au son du tam-tam à Bamako Coura, n'empêche que c'est la fin d'une grosse illusion.
Le hic dans tout ça est que l'énigmatique flic reste muet comme une carpe. Il prend un malin plaisir à faire durer le suspens autour de sa candidature. Ira ? N'ira pas? De quoi alimenter davantage les spéculations. Certains disent même que dernièrement ils ont vu des conteneur bourrés de 4X4 en provenance de la Chine et que Modibo a déjà bouclé le milliard pour mieux se jeter dans l'arène. En dehors de tout signal venant de l’intéressé lui-même, nous avions écrit dans ces colonnes il n’y a guère longtemps une chronique intitulée : "Modibo Sidibé, le crâne rasé malgré lui". Les faits ne nous ont pas encore démenti. Et la question est pertinente de savoir si on n'est pas en train de pousser cet homme discret à la roue pour le faire descendre aux enfers. Car dans une compétition aussi ouverte que celle de 2012, hors l'intermède ATT, les partis politiques ne feront pas de quartier aux candidats indépendants. Homme sans appareil donc sans militants, ne s'appuyant que sur quelque centaines de courtisans réunis en clubs de soutien, Modibo ne fera guère le poids face à des ténors comme IBK, Soumi champion ou même Dioncounda Traoré (éventuellement).
En 2012, il y aura beaucoup d'appelés mais un seul élu. Des candidatures fantaisistes aux candidatures saugrenues la plupart de ces gens sont venus pour peaufiner leur curriculum. Même dans ce lot Modibo apparaît comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. A-t-il oublié le score ridicule de son frère Mandé Sidibé en 2002 ?
En tout cas, il pourra prêcher partout pour sa chapelle sauf au Wassoulou. Pour n'avoir pas regardé dans le retroviseur les Wassolokés n'ont jamais pardonné aux frères Sidibé d'être des laissés pour compte après leur départ à Bafoulabé au pays de Fily Dabo Sissoko. C'est cette pilule amère qu'ils ont fait avaler à Mandé au cours de sa campagne. Et si jamais Modibo se présente aux portes du Wassoulou on lui dira comme dans la fable de La Fontaine : "si ce n'est toi, c'est donc ton frère ou c'est donc quelqu'un des tiens". Tout comme le professeur Yoro Diakité, pourtant fils du chef de canton du Banimonotié, Sakoro Mery Diakité, a essuyé les plâtres à Bougouni. Alors mieux vaut peser le pour et le contre.
Mamadou Lamine DOUMBIA
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