Sans Tabou: gouvernance, quand la rue imprime le tempo

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Nonobstant l’inscription de la réhabilitation de la route Kolokani-Diéma-Kayes dans le Projet présidentiel, ‘’Notre grand Mali avance’’ ; nonobstant la disponibilité des fonds nécessaires à cette réhabilitation comme l’a certifié la ministre des Infrastructures et de l’Équipement devant les députés ; nonobstant le nombre de plus en plus élevé de victimes de cette route cauchemardesque, il aura fallu un mouvement populaire, presque insurrectionnel pour que le pouvoir se résolve enfin à s’exécuter, avec un an de retard. C’est en effet en octobre 2018 que la ministre TRAORE Seynabou DIOP avait fait l’annonce chargée d’espoir de la reconstruction de la route Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni-Kayes-Diboli d’un montant de 78 MILLIARDS, dont le marché est attribué à SATOM/CIRA/AGETIPE.

En pleine crise des barricades, la tristement célèbre ministre des Infrastructures oppose un problème de moyens de l’État à la non-tenue de sa promesse. Elle est aussitôt recadrée par le Premier ministre : « ce n’est pas un problème d’argent qui bloque le début des travaux ; un montant de 15 milliards de FCFA a déjà été engagé en plus des montants pour l’avance de démarrage ». Le PM annonce même le début des travaux pour le 20 septembre 2018, soit 3 petites semaines seulement après l’annonce.
Mais, la ministre des Infrastructures et de l’Équipement n’est pas la seule à se fourvoyer dans ce dossier brûlant ; le Premier ministre Boubou CISSE s’en mêle également les pinceaux quand, dans un populisme de mauvais aloi, il déclare à Kayes : « je suis venu, j’ai vu et l’État va agir à la mesure de vos attentes ». Il en rajoute à la mauvaise perception de la gestion gouvernementale des affaires publiques par une grande partie de l’opinion.
La faute initiale, c’est que le Gouvernement s’est laissé dicter ou même imposer le tempo de ses activités par les sautes d’humeur des populations de Kati et de Kayes. Implicitement, il donne raison à ceux qui ont toujours fulminé contre son manque de vision et de programme. Il assène également la preuve que le Mali est dirigé à laisse-guidon, sans aucun tableau de bord, sans cap fixé. C’est un laxisme impardonnable des temps modernes où la planification rigoureuse, non d’être facultative, est un impératif de développement, un gage de réussite par l’atteinte des objectifs fixés.
De façon subsidiaire, l’on peut déduire de cette attitude du Gouvernement une mauvaise foi coupable pour des motivations inavouées. Quand on a inscrit une activité au programme, qu’on n’a le financement nécessaire et qu’on ne l’exécute pas un an après en avoir fait l’annonce du démarrage, il y a quelque chose de suspect et de répréhensible.
La seconde faute lourde est celle personnelle du Premier ministre qui confesse qu’il a fallu qu’il se rende à Kayes pour mesurer tout le poids des attentes de la population locale. Ainsi, tout le tintamarre autour de l’état exécrable de la route Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni-Kayes-Diboli n’était pas parvenu aux oreilles soudainement attentives du Chef du Gouvernement ! Ainsi, le Chef du Gouvernement serait totalement déconnecté de la réalité ! Ainsi, ce Premier ministre serait un Thomas des temps modernes qui ne croirait que ce qu’il voit, qui ne prendrait pour vrai que ce qu’il voit. Alors, bon périple pour parcourir le Mali où l’urgence en matière de construction, de réhabilitation des routes est la chose la mieux partagée. Parce que le Gouvernement vient d’ouvrir la boîte de pandore, une brèche géante dans laquelle s’engouffreront tous les demandeurs de route. Il vient de donner une nouvelle dimension à ce verset : ‘’demandez et vous recevrez’’. Alors, aux Maliens les revendications…

PAR BERTIN DAKOUO

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