Crise au CNPM : L’inerte coupable des autorités face au déclin de l’économie

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Au-delà de la crise de leadership qui paralyse le siège du patronat, c’est le déclin de l’économie nationale qui est ainsi amorcé. Plus le feuilleton judiciaire, qui n’a pas encore fini de livrer tous ses dessous scabreux, se prolonge au sein du CNPM, plus l’économie du pays, déjà malmenée par tant de conjonctures, s’en sort fragilisée.  Plutôt que d’être plus prévoyantes pour arrêter l’hémorragie annoncée des circuits économiques, les autorités de la transition, elles, apparaissent plus mollesses face à la crise. Décryptage d’une inertie coupable aux conséquences dramatiques pour l’économie…

La crise du patronat est partie pour durer. Ce constat, depuis le début du feuilleton judiciaire qui a éclaté au siège du CNPM, opposant deux camps adverses pour le contrôle de la prestigieuse institution du monde des affaires, tout le monde, à commencer par les acteurs du secteur privé, parmi les plus crédibles d’entre eux, au-delà de leur clivage partisan, l’a déploré. Sans ambages !

Connu pour son dynamisme et son sens d’anticipation, le patronat, on le sait, a beaucoup pesé, ces derniers temps, sur les politiques publiques en restituant au secteur privé tout le crédit dont il avait besoin pour activer positivement et durablement les canaux commerciaux et économiques du pays.

Sur tous les chantiers de la refondation économique et financière, grâce à l’entregent de son équipe dirigeante, sous le leadership de Mamadou Sinsy Coulibaly, Kledu Coulou pour les intimes, le Patronat est parvenu, en si peu de temps, à se forger une solide réputation qui lui a permis, selon plusieurs observateurs neutres, de se positionner vis-à-vis des autorités gouvernementales comme un interlocuteur crédible et responsable, capable d’impulser du sang nouveau dans les affaires.

Petit à petit, par son influence qui se renforçait, tant au plan national qu’à l’extérieur du pays, le CNPM, grâce à la confiance retrouvée entre les acteurs économiques, était parvenu à insuffler un dynamisme aux différents segments de la vie productive et commerciale, pourtant lourdement affectés, ces temps-ci, par de nombreuses crises conjoncturelles. D’où un certain élan économique qui se faisait sentir dans le monde des affaires.

Voilà que cette embellie économique est brutalement mise à mal par les derniers soubresauts vécus par le Patronat à travers cette bataille judiciaire à l’issue improbable que se livrent les deux camps opposés depuis la controverse née des dernières élections. Dès lors, on le sait, à cause de cette procédure judiciaire interminable, le CNPM, jadis enclin à se montrer plus déterminé pour la cause des entreprises, se trouve du coup déstructuré, incapable de jouer son rôle de catalyseur dynamique des initiatives favorables à l’essor du secteur privé.

C’est désormais cette vitalité économique qui est anéantie, suite à ces soubresauts intérieurs au patronat qui, comme on le voit, englué dans cette interminable et coûteuse bataille judiciaire, ne pourra plus répondre efficacement aux nombreuses attentes du secteur économique.

Comme on le répète à longueur de journées, si la priorité des autorités de la transition, c’est de galvaniser les secteurs productifs du pays, en créant les réelles conditions d’une reprise rapide et durable de l’activité économique, on voit mal alors l’inertie qu’elles manifestent face à cette crise chez le patron des patrons dont l’une des conséquences les plus dramatiques, c’est de plonger inéluctablement l’économie du pays dans l’agonie.

De procédures judiciaires en recours juridictionnels qui se suivent au niveau du Patronat depuis l’éclatement de la crise, les initiatives de promotion du secteur privé sont à l’abandon, en ce sens que les multiples projets de ce haut lieu des affaires sont gelés. Il en est de même pour les transactions financières qui sont ainsi stoppées d’un trait.

Tout cela cause un telessoufflement aux secteurs productifs ; ce qui devrait normalement pousser les autorités de la transition à  plus d’initiatives et d’actions pour déjouer les dessous sombres de ce feuilleton judiciaire, visant à long terme à plomber l’économie nationale.

Déterminés à faire sortir le Patronat de cette torpeur juridictionnelle qui ne fera qu’affecter les circuits économiques du pays, les groupements professionnels ont décidé de prendre leurs responsabilitésen jetant les bases d’un collège transitoire, susceptible de redorer le blason du secteur privé.

Il s’agit là d’une initiative parmi tant d’autres, émanant des acteurs économiques, pour gérer au plus vite la crise des affaires qui se profile à l’horizon. Mais toutes ces actions, aussi cruciales qu’elles soient, ne réussiront pas à impulser le dynamisme souhaité du secteur privé si les autorités nationales, comme elles le font actuellement, continuent à jouer à l’indifférence, face à la tempête judiciaire qui secoue le monde des affaires. Comme si, du reste, elles n’ont aucune emprise sur l’agonie annoncée de l’économie malienne.

Ce qui est, pour elle, et le pays,en fait une aberration politique.

Oumar KONATE

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