Le concubinage, un phénomène qui prend de l’ampleur à Bamako
Le mariage est un phénomène social, qui s’impose à tout citoyen, homme ou femme. Les religions révélées aussi le recommandent, à tout pratiquant. Aujourd’hui, force est de constater que le concubinage prend le pas sur le mariage. Il est devenu un mode de vie pour de nombreux jeunes à Bamako. Les raisons sont multiples et variées. Chacun y va de son explication.
Madou Doumbia, la soixantaine, prêcheur à Niamakoro. « Les garçons préfèrent vivre en concubinage avec les filles, car il est moins de contraignant que le mariage. Les dépenses de la fille ne l’incombent plus. Et il peut la mettre à la porte à tout moment. La fille est obligée de s’y conformer pour ne pas se faire virer. Il n’y’a plus de repère pour la jeunesse d’aujourd’hui. C’est le libertinage. Les parents ont démissionné, laissant les enfants, à eux-mêmes. Ce phénomène est à la base de l’échec du mariage ».
Aminata Traoré, sexagénaire, domiciliée à Missabougou : «On n’a jamais imaginé vivre avec un homme sans être marié. Cela était une honte pour toute la lignée. Le corps de la femme était sacré et seul, son mari pouvait le toucher. Et cela après la célébration du mariage. Elle est dévouée à son mari, jusqu’à la fin de sa vie. Même avant l’avènement de l’islam, la fidélité était de règle au sein du mariage. Aujourd’hui, tout est bafoué. Garçons et filles sont livrés à eux mêmes. Ils sont maîtres de leur vie et ne croient, à aucune autre autorité. C’est un laisser aller général et généralisé».
Hamidou Touré, sociologue, domicilié à quinzambougou : « la société manque de modèle sociétal. Les repères sont en perte de vitesse avec le modernisme. Les parents sont occupés par le travail et laissent les enfants à leur guise. On ne contrôle pas les aller et retour de son enfant. On se contente de s’occuper de l’essentiel ; à savoir sa nourriture, son habillement, son logement. Or ces besoins bien qu’essentiels, ne suffisent pas, pour donner un modèle de vie, à son enfant. Le concubinage résiderait dans cet ordre. Et le laisser-aller en est une des principales causes».
Kadia Coulibaly, élève au groupe scolaire de Magnambougou, « pour moi, tout est question d’éducation. Je suis élevée dans une famille où le respect aux parents est de règle. L’enfant n’ose pas élever le ton en parlant à son père, sa mère ou à ses aînés. Je m’imagine mal qu’une fille accepte de vivre avec un homme sans le consentement de ses parents. J’en serai très étonnée ».
Boubacar Mariko, employé de commerce au marché de Sogoniko : « le concubinage est la résultante de l’échec du mariage entre l’homme et la femme. Une fois déçue de ce mariage, on ne fait plus confiance à un homme ou une femme. On opte pour le concubinage pour éviter les contraintes du mariage. J’ai vu le cas d’un ami, qui a décidé de vivre en concubinage avec une femme, après avoir divorcé avec sa femme, jugée infidèle. Sur mon conseil, il a décidé de se remarier et tout est entré dans l’ordre. Je crois que les gens, qui vivent ainsi manquent de bons conseils.
Propos recueillis par Hassane Kanambaye.
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