Techniques peu coûteuses mais polluantes
Le paracétamol, utilisé contre la douleur et la fièvre, est l’un des médicaments les plus courants. Il est produit à base de dérivés du pétrole, le plus souvent par des sous-traitants basés en Asie, via des techniques très peu coûteuses mais assez polluantes.
Étude notamment financée par AstraZeneca
Les auteurs de l’étude, financée entre autres par le laboratoire pharmaceutique AstraZeneca, ont procédé en plusieurs étapes. Ils ont d’abord utilisé des composants d’une bouteille usagée en plastique PET (polytéréphtalate d’éthylène) pour induire une réaction chimique dans une souche de bactéries Escherichia coli (E. Coli). À l’issue de cette première étape, les bactéries ont synthétisé une molécule, dite “PABA”. Puis, en modifiant génétiquement les bactéries, les scientifiques leur ont permis de transformer cette molécule en paracétamol.
Nouvelles techniques de recyclage des déchets
Les auteurs avancent que cette expérience ouvre la voie à de nouvelles techniques pour recycler les déchets à base de plastique. Reste que l’application à grande échelle n’a rien d’évident. Il reste “plusieurs considérations pratiques” à résoudre pour aller au-delà de la seule “démonstration de faisabilité” faite par cette étude, écrivent plusieurs chercheurs n’ayant pas participé à l’étude dans un commentaire, également publié par Nature Chemistry.
Expérience “prometteuse”
Ils pointent que la réaction initiale ne produit qu’une quantité limitée de molécules PABA, ce qui “pourrait ne pas suffire à des applications industrielles”. Mais l’expérience est “prometteuse”, admettent-ils, soulignant l’intérêt d’étudier des processus qui mélangent ainsi la biologie et des réactions chimiques artificielles.
Scepticisme chez les militants environnementaux
L’étude a néanmoins suscité le scepticisme chez des organisations de défense de l’environnement. “Depuis des années, il ne passe jamais quelques mois sans qu’on ait une nouvelle ‘bactérie mangeuse de plastique’”, a ironisé auprès de l’AFP Melissa Valliant de l’ONG Beyond Plastic. “Ces découvertes n’atteignent jamais une échelle suffisante pour faire face au problème majeur que constitue la pollution aux plastiques”.