Restauration de la constitution et des institutions : Sagesse ou piège du CNRDRE ?

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Le dimanche, 1er avril 2012, bien qu’étant le premier jour du mois de la plaisanterie ou de la farce, le président de la junte militaire, le Capitaine Amadou Haya Sanogo était au sérieux en annonçant le rétablissement de la Constitution et des Institutions de la République. Avec cette décision, le président du Conseil National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE) fait preuve de sagesse, de clairvoyance, de bon sens, de discernement et surtout de patriotisme.

Le chef de la junte militaire Amadou Sanogo (c) s'exprime à Bamako, sur la base militaire de Kati, en présence de responsables du gouvernement malien, le 1er avril 2012 © AFP

Depuis le 22 mars 2012, date du coup d’Etat perpétré contre le président Amadou Toumani Touré, la Communauté internationale, les pays amis du Mali, les organisations internationales, régionales et sous-régionales ont mis la junte au banc des accusés. Chacun à son niveau à condamner fermement ce coup d’Etat et à demander le retour à l’ordre constitutionnel. Le regroupement sous-régional (CEDEAO) est parti loin en lançant un ultimatum de 72 heures à la junte pour le retour à l’ordre constitutionnel. Après l’expiration de ce délai, si toutefois la junte n’obtempérait pas au retour à l’ordre constitutionnel dans les 72 heures, la CEDEAO allait prendre ses sanctions draconiennes contre la junte et le Mali. Ces sanctions allaient sans nul doute asphyxier le Mali qui est un Etat continental.

A rappeler que cet ultimatum intervient suite aux manifestations des jeunes sur le tarmac de l’aéroport international de Bamako Sénou le jeudi, 29 mars 2012, empêchant les avions des Chefs d’Etat de la CEDEAO d’atterrir. Ces Chefs d’Etat voulaient négocier avec le chef de la junte sur le retour à l’ordre constitutionnel.

Au-delà de cette épée Damoclès de la CEDEAO suspendue sur la tête de la junte militaire, le capitaine Sanogo est confronté aussi à l’avancée spectaculaire des rebelles, qui contrôlent déjà trois régions du nord et la pression des anti-putschistes à Bamako. En analysant bien la situation, en plaçant le Mali au-dessus de tout et en se conformant aux communiqués du 27 mars et 29 mars 2012 de la CEDEAO, le Capitaine Amadou Haya Sanogo s’est engagé solennellement, au nom du CNRDRE, à rétablir, à partir du dimanche 1er avril 2012, la Constitution et les Institutions de la République.

Cette décision de la junte est à saluer, d’autant qu’elle montre apparemment le patriotisme qui anime ses membres pour ne pas davantage peiner les Maliens. Le CNRDRE doit continuer sur cette logique de rétablissement de l’ordre constitutionnel, qui passe nécessairement par la libération de tous les membres de l’ancien Gouvernement et des autres Institutions de la République.

Le hic !

Le retour effectif à l’ordre constitutionnel annoncé par le président du CNRDRE risque de se buter au dernier point de la déclaration. Cette partie de la déclaration dit ceci : «Toutefois, compte tenu de la situation de crise multidimensionnelle que vit notre pays et afin de permettre une transition dans de bonnes conditions et de préserver la cohésion nationale, décidons d’engager, sous l’égide du médiateur des consultations avec toutes les forces vives du pays dans le cadre d’une convention nationale pour la mise en place d’organes de transition en vue de l’organisation  d’élections apaisées, libres, ouvertes et démocratiques auxquelles nous ne participerons pas ». On comprend aisément dans cette déclaration in fine, que parmi les Institutions de la Républiques qui doivent être rétablies, ne figurent pas le président de la République (première Institution) et le Gouvernement. Mieux, les organes de transition pour l’organisation des consultations électorales seront mis en place par le CNRDRE sous l’égide du président du Faso, Blaise Compaoré. En analysant bien cette partie, la transition en gestation ne sera pas dirigée par le président de l’Assemblée Nationale. Ce scénario aussi, violera la Constitution du 25 février 1992 qui a été rétablie le dimanche, 1er avril 2012.

Avec le retour à l’ordre constitutionnel, le mandat du président ATT expire le 8 juin 2012. En cas d’empêchement définitif du président élu de terminer son mandat, l’intérim doit être assuré par le président de l’Assemblée Nationale. Celui-ci doit organiser les élections présidentielles dans les 40 jours au moins et 60 jours au plus tard.

Il est nécessaire pour la junte, la classe politique, la société civile, la CEDEAO et les intervenants dans la crise malienne de bien préciser les choses afin d’éviter tout autre problème. Le Mali  a plus besoin d’unité, de cohésion et d’appui extérieur pour préserver l’intégrité du territoire national.

Ahmadou MAÏGA

 

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3 COMMENTAIRES

  1. plus con que sanogo tu meurs!! il faut voir des gens comme konare qui veulent diriger notre pays! mais le monde va a l’envers ou quoi !!Que aide le Mali !!

  2. la cedeao vient de lui montre qu’il est trop bete, le jeux des millitaires est tres facile a comprendre, ce qui me fait mal est que cet imbecil s’est autoproclamer comme chef d’etat du mali, un fuyard et replieur tactic qui ne voit pas plus loin que son nez. en retablissant la constitution ils pensaient tromper la cedeao, sale con vivement un soulevement populaire pour deloge cet energumene.

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