CENI : Quand la solution devient un problème

27 Sep 2011 - 00:00
27 Sep 2011 - 00:00
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Dans son discours à la Nation à la veille de la fête du 22 septembre 2011, le Président de République a invité les Maliens à s’engager pour des élections transparentes et crédibles. Mais de la manière dont les membres de la CENI ont été désignés et le bureau de cette institution installé, l’on est en droit de s’interroger sur la bonne foi de nos autorités quant à leur volonté d’organiser des élections transparentes et crédibles, gage de stabilité.

Une commission nationale indépendante par essence a pour vocation d’être le gendarme des joutes électorales, sa raison d’être est d’assurer la moralité des scrutins et permettre à la fois au droit et à l’équité de s’exercer en toute liberté. Celle qui s’apprête à exercer son mandat, par de multiples cotés, devrait assurer et s’assurer des conditions idoines pour une gestion optimale et sans contestation possible des consultations à venir. 

Or pour la première fois dans l’histoire de la démocratie malienne, le Gouvernement de la République  vient de mettre en place une CENI où l’opposition parlementaire n’est pas représentée. En effet, l’unique représentant de celle-ci choisi par le Général Kafougouna Koné a été dénoncé par le regroupement des partis de l’opposition qui l’ont même accusé d’être un homme de main du ministre de l’administration territoriale. Alors que celle-ci  s’apprête à saisir la justice malienne afin que le droit soit dit dans la clef de répartition des postes de la CENI entre elle et la majorité présidentielle,  le Gouvernement par l’entremise du ministre de l’administration territoriale s’est empressé d’installer le bureau de la CENI, coincé qu’il est par le  démarrage effectif de la mise à jour des listes électorales, en octobre.

 Présidé par Mamadou Diamoutani du Haut Conseil Islamique du Mali, la CENI est partie pour être la fausse note des élections générales de 2012. Malgré les dénonciations de la clef de répartition du siège de la CENI par l’opposition, le Gouvernement a tranché en prenant fait et cause pour la majorité présidentielle, à un moment où la société civile ouvrait des négociations entre les deux parties.

Comme si cela ne suffisait et à un moment où certains pensaient que le Gouvernement allait admettre qu’il s’était trompé en prenant un décret de nomination des membres de la CENI sans l’opposition parlementaire, il sort avec la grande armada de la mise en place du bureau, comme pour dire que le débat est clos. Au rythme où vont les choses, il est fort possible que l’opposition n’ait pas gain de cause devant la justice malienne.

 En tout cas, certains Maliens ont déjà leur petite idée. « En 2012, comme en 2007, la fraude va s’installer à demeure au Mali », indique  un observateur de la scène politique malienne. Selon lui, en 2012, avec ce qui s’est passé à la CENI en Côte d’Ivoire, l’enjeu au Mali ce serait  d’avoir une CENI  sans une opposition capable de contester avec des éléments officiels et crédibles les résultats qui ne refléteraient pas le suffrage des Maliens. « Mais, avec un CENI comme celle que le Général Kafougouna Koné vient de mettre en  place, est-ce que le Mali n’a pas volontairement choisi de se passer de l’aide de certains partenaires financiers et techniques ». Telle est la question que se posent de nombreux Maliens.

 C’est peut être conscient de cette donne que le Premier ministre Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, depuis quelques jours aux Etats Unis, ne rate aucune occasion pour demander aux partenaires techniques et financiers de voler au secours de la démocratie malienne en aidant financièrement le pays à organiser les élections de 2012. Mais avec ou sans l’argent des partenaires, que vaut une CENI sans un minimum de représentativité des partis de l’opposition ? Que vaut une CENI qui ne se sera pas assurée  de superviser des élections dont les prémices seront faussées du fait de l’inexistence et de la grande difficulté  à mettre en place des listes électorales fiables. Que vaut une CENI où les « garde-fous » sont tout aussi parties prenantes ? 

Il n’y a aucun doute, la démocratie malienne court le risque, dans ces conditions,  de devenir l’ombre d’elle-même.

Assane Koné


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