Chronique : Procrastination
Je vois déjà certains qui ont ouvert grand leurs yeux en lisant le titre de cette chronique. Rassurez-vous, je ne veux pas tomber dans la mystification ou le pédantisme avec des mots savants ou trop compliqués

Ce titre m’a été inspiré simplement à partir de l’observation de notre société et de certaines de nos pratiques. Pour faire simple, disons que la procrastination est une tendance psychologique à reporter à un moment ultérieur ce qu’on peut ou doit faire maintenant. Vous commencez donc à comprendre là où je veux en venir. En effet, dans notre pays, s’il y a une pratique qui constitue un vrai frein, c’est cette tendance à toujours reporter certaines décisions.
Le paradoxe est que lorsqu’on souhaite aussi agir vite en sévissant contre certaines pratiques, ce sont toujours les mêmes qui sont prompts à émettre des critiques à n’en plus finir. C’est devenu comme un sport national, lorsque certaines mesures sont annoncées, les gens se disent qu’il s’agit juste de mesures dissuasives et qu’elles ne seront jamais appliquées.
Ce qui fait qu’aujourd’hui, le centre-ville est plus engorgé que jamais. Ici, les occupants semblent se dire que rien de mal ne peut leur arriver. L’interdiction de circulation des tricycles sur le pont des Martyrs par exemple est permanemment renvoyée aux calendes…maliennes. Sinon, cela fait des années que la circulation des gros porteurs est réglementée dans la capitale. Et malgré les nombreux accidents et dégâts qu’ils causent, les mesures de restriction sont quasiment reportées et cela va de mal en pis. Or, les sages disent toujours que celui qui recule une fois reculera toujours.
Même au niveau individuel, cette pratique est persistante. Des chefs de famille qui décident de prendre certaines mesures radicales, mais qui finissent par reculer car ceux contre qui ils entendent agir font bouillir la marmite. L’élève ou l’étudiant qui remet toujours à plus tard sa révision, car les examens sont encore loin et qui se retrouve devant le fait accompli à la dernière minute en cherchant mille et un prétextes pour expliquer son échec. Les petits tas d’ordures que nous laissons devant la maison en promettant de les évacuer après et qui finissent par devenir des montagnes d’immondices, causes de désagréments et d’ennuis de santé. De la dette qu’on se projette de payer bientôt, tout en continuant à s’endetter en se disant que rien de mal ne peut nous arriver…
A vrai dire, la procrastination est devenue un véritable phénomène de société chez nous et qui plombe beaucoup d’actions. Il nous faut à présent chercher les moyens d’inverser la tendance, car certaines choses ne sauraient être remises à demain sans conséquences. Que ce qui doit être fait tout de suite puisse l’être et qu’on évite d’entasser les dossiers et les problèmes, car plus le temps passe, moins il y aura de chance qu’ils puissent trouver de solutions. Chaque chose à son temps et chaque décision au moment opportun. Ce n’est pas après que l’incendie aura tout ravagé que l’on va faire venir les pompiers. Dans un pays où tout est prioritaire, aucune lenteur ne saurait être acceptable, surtout à certains niveaux. D’ailleurs, cela fait un moment que je voulais écrire cette chronique, mais j’ai eu tendance à le repousser à plus tard. Mais voilà, j’ai fini par y arriver quoi que j’ai perdu un temps précieux pour rien. Procrastination quand tu nous tiens…
Salif Sanogo
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