les humeurs de Facoh : Les dents de scie de la politique française en Afrique

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Des 4 grandes puissances colonisatrices des XVIIIè et XiXè siècles, la Grande-Bretagne, la France, le Portugal et la Belgique, seule l’Angleterre, pays ultra libéral depuis l’époque victorienne, se montra flexible en matière de colonisation. L’Allemagne, qui n’avait que deux petites colonies, le Cameroun et le Togo, fut éliminée de la course dès la fin de la 1ère guerre mondiale et laissa la place à la Société des Nations (SDN) pour administrer ses anciennes colonies.

La France, le Portugal et la Belgique, tous des pays de culture latine, s’accrochèrent à leurs anciennes colonies comme à la prunelle de leurs yeux. Néanmoins, la fin de la 2è guerre mondiale changea la face du monde et les USA, ancienne colonie britannique qui avait proclamé son indépendance les armes à la main, devinrent une puissance économique opposée à la colonisation et aidèrent les pays d’Afrique et d’Asie sous tutelle coloniale à se débarrasser de celle-ci.

La France, sous la pression des peuples d’Afrique, accorda l’indépendance à la Guinée en 1958 et aux autres colonies de l’ex-AOF entre 1960 et 1961. L’idée du pré carré français, prémisse à la Françafrique, même si elle ne fut pas actée par le général De Gaulle, qui autorisa les anciennes colonies françaises d’Afrique à devenir indépendantes, date en tout cas de son règne (1958-1969). Il avait classé les pays africains en pays modérés subissant l’influence directe de l’ancienne métropole et en pays progressistes évoluant sous l’influence de l’ex-URSS et, en Afrique occidentale il avait identifié deux pays : la Guinée et le Mali.

Dans tous les cas, que l’on fût modéré ou progressiste, il fallait se soumettre au Général de Gaulle sinon les sanctions tombaient sous forme de coup d’Etat comme ce fut le cas du Mali en novembre 1968. La vague des coups d’Etat militaires orchestrés par les gaullistes entre 1963 et 1968 n’épargna en ancienne AOF que la seule Guinée de Sékou Touré qui derrière son vocabulaire révolutionnaire, s’était mis sous le contrôle des USA.

Il faut retenir aussi le cas du Sénégal et de la Côte d’Ivoire qui fonctionnèrent comme des provinces françaises en Afrique et dont les présidents, Senghor et Houphouët–Boigny se comportaient comme des vice-gouverneurs de la France en Afrique.

Le Général de Gaulle quitta le pouvoir en 1969 et céda la place à Georges Pompidou à la tête de l’Etat français et qui se comporta comme le fidèle élève du célèbre général en matière de politique africaine, autrement, dit les coups d’Etat continuèrent de rythmer la vie politique africaine en cas de désaccord avec l’ancienne métropole.

Valéry Giscard d’Estaing, président entre 1974 et 1981, essaya d’innover mais ne réussit qu’à faire de la Françafrique une réalité par ses collusions politiques et financières avec Bokassa dans l’épisode des diamants de l’empereur et dans l’affaire de Kolwezi en 1978 où des troupes françaises débarquèrent au Katanga pour soi-disant protéger des ressortissants français, mais en réalité pour récupérer les richesses minières de l’ancien Zaïre.

Le PS François Mitterrand, arrivé au pouvoir en 1981, avait suscité plein d’espoirs mais ne put faire aucune différence avec ses prédécesseurs de droite sauf qu’il organisa en 1988 la conférence de la Baule pour ordonner aux dictatures africaines d’aller vers la démocratie. Ses successeurs, notamment, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ne firent pas mieux que lui tant il est vrai que régime de droite comme régime de gauche, la priorité va d’abord à la défense des intérêts français en Afrique.

L’intervention militaire française de 2012 de François Hollande au Mali sur appel, dit-on de Dioncounda Traoré, président intérimaire de 2012 à 2013, va aussi en droite ligne de la sauvegarde des intérêts français et non de celle du Mali en dépit de l’occupation de plus de la moitié du pays par des bandits et des djihadistes bourrés de drogues et que la France arriva à chasser en moins de 3 jours.

L’arrivée au pouvoir en 2017 d’Emmanuel Macron bousilla le peu d’acquis que la France conservait encore sur le continent. Ce jeune président qu’on disait ne pas avoir connu la colonisation et qui était supposé faire mieux qu’un Hollande ou un Sarkozy, par ses calculs mesquins de banquier et ses sorties hasardeuses voisines du discours de Sarkozy à Dakar en 2008, acheva de couper la France de ses anciennes colonies d’Afrique et personne ne peut prédire aujourd’hui quand le blason de la France sera redoré sur le continent.

 

Facoh Donki Diarra

Ecrivain

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3 COMMENTAIRES

  1. OUI LES MALIESNS PEUVENT REGARDER LEUR MAIS AUSSI JUGER UN PEU 60 ANS DE COOPERATION ET D AIDE A UNE ACCIENNE COLONIE OU TROUVER A MANGER RESTE TOUJOURS UNE PRIORITE

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