Roue libre : Parti du bras de fer : le diktat du parrain
J'ai l'honneur de vous informer de la tenue, les 10 et 11 septembre 2011, de notre conférence nationale devant élire le candidat du parti aux prochaines élections présidentielles de notre pays. Conformément aux dispositions statutaires, tout militant ou toute militante de notre parti est électeur et éligible en pareil cas. A cet effet, vous voudrez recueillir toute candidature qui pourrait être formulée dans nos structures respectives, en vue de me la faire parvenir entre les 15 et le 25 août 2011 date de clôture"
Mille cornues alambiquées ! On est atteint de berlue en lisant cette lettre circulaire émanant du président du parti du bras de fer, Younoussi Touré, et adressée aux secrétaires généraux des sections de l'intérieur. Est-ce pour narguer les militants qui savent depuis belle lurette à quoi s'en tenir quant à une éventuelle candidature à la magistrature suprême au sein de cette formation politique ? Pire, on attend qu'il reste deux petites semaines pour lancer cet appel à candidature. Le prétexte est tout trouvé : les dispositions statutaires du parti. Mais depuis quand y a-t-il la démocratie au sein de l'URD, un parti aussi stalinien comme au temps du glacis communiste ? Même l'UDPM faisait mieux en adoptant comme dogme : " un seul parti, oui ! Un seul homme, non ! " Or, l'URD est une société unipersonnelle à responsabilité limitée. Elle n'a qu'un seul chef, à savoir Soumi champion, qui l'a créée expressément pour assouvir ses ambitions présidentielles. Poignardé par les siens au sortir de l'élection présidentielle de 2002, le challenger d'ATT au second tour ne pouvait avaler une si grosse couleuvre. Et ce fut la ruée sur le nouveau venu tant tout ce qui est neuf attire. Il faut reconnaitre aujourd'hui, incontestablement, que l'URD est la deuxième force politique du pays. Mais toute gâterie s'arrête là. En effet, ce parti est l'un des plus hermétiques de la place. Son parrain, qui résidait à Ouaga, ne souffre nullement la concurrence et a fortiori, certaines velléités. Alfousseyni Sow, chef de cabinet de la primature et frère ainé de Mme Sy Kadiatou Sow ne dira pas le contraire. Membre du directoire du parti, il a été, dès le départ, viré lors du congrès constitutif du parti pour son accointance avec l'ex-premier ministre Modibo Sidibé. Le cas du deuxième vice-président Oumar Ibrahima Touré relève tout simplement de l'acharnement. Celui-ci n'était nullement candidat à la candidature mais caressait le rêve légitime de briguer la présidence du parti. Il ne savait pas qu'il commettait un crime de lèse-majesté. Voué aux gémonies, suspendu pour travail fractionnel voire trainé dans la boue il a du faire, après avoir constaté les dégâts, amende honorable. En tout cas même aujourd'hui l'ex-ministre de la santé est un laissé pour compte. A défaut de l'exclure du parti, on a l'impression que son départ constitue pour les uns et les autres un bon débarras.
Cet épisode montre que Younoussi Touré est un président indétrônable sinon inamovible. Avec Soumaïla Cissé, ils s'entendent comme larrons en faire, les rôles étant bien partagés. En tant que gardien du temple d'Apollon à Ephèse, Younoussi a merveilleusement rempli son contrat en étouffant toutes velléités de contestation dans l'œuf. Comme la maison a été bien gardée en attendant le retour du boss, on peut gager qu'il sera bien payé pour service rendue à … au cas où ce dernier montera à Koulouba (Dieu donne le pouvoir à qui il veut, dixit Me Drissa Traoré). Cette chape de plomb et ce rideau de fer n'échappe à aucun militant de l'URD. Sachant cela pourquoi lancer un avis d'appel d'offres aussi ridicule au moment même où la presse parlait de l'investiture du parrain à la présidentielle de 2012 pour le 25 septembre. Les dés étant pipés d'avance, il est certain que personne n'ira à l'abattoir. L'URD n'est pas l'ADEMA pour se permettre d'ouvrir les vannes en organisant des primaires. Au-delà d'une certaine sérénité, ce parti est loin d'être un bloc de granite. Au contraire, c'est plutôt un bloc monolithique. Il débauche autant qu'il saigne. Et quand la foudre frappe la maison comme ce fut le cas à Bankass, le député aliment bétail, fidèle à ses envolées lyriques, constate les dégâts : "nous nous occupons du parti et non des partants". Drôle d'attitude de la part d'un dirigeant qui a toujours prôné l'unité et la cohésion au sein du parti. Mais l'adage est aussi bien connu des Bamanans qui dit que quand le singe n'arrive pas à cueillir le ''zaban'', il dit que c'est amer.
Au reste, l'Adema est le seul parti de ce pays qui peut se permettre de faire un appel à candidature pour l'accès à la magistrature suprême sans aller à vau-l'eau. Ce colosse au pied d'argile, a en effet, les défauts et de ses qualités. Il est bourré de roitelets, chacun d'eux se croyant sorti des cuisses de Jupiter. Là au moins on constate un semblant de démocratie au sein du parti. Seul dans la course à domicile, Soumi n'aura pas le réveil difficile. Souhaitons seulement que l'an prochain, il ne vole pas en hélico au-dessus des nids de misère. Yeah Samaké, le Mormon de la ville du Grand Lac Salé venant de Djitoumou ne lui pardonnera pas ce péché.
Mamadou L amine DOUMBIA
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