Hadji Barry, président de l’UMAV : « Les aveugles sont dans un besoin de prise en charge »

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Hier, jeudi 15 octobre 2020, le Mali a célébré la Journée internationale de la canne blanche. Un évènement visant à se pencher sur les conditions de vie des personnes aveugles. Pour en savoir plus, nous avons joint M. Hadji Barry, président de l’Union malienne des aveugles au Mali (UMAV).Occasion pour lui de donner des détails sur certaines difficultés.

Chaque 15 octobre, le Mali, à l’instar des autres pays du monde, célèbre la Journée internationale de la canne blanche (bâton travaillé sur lequel on s’appuie pour marcher). A travers cette journée, il s’agit d’assister les personnes aveugles, de chercher à connaitre leurs conditions de vie, et de montrer qu’elles doivent bénéficier de l’aide de tous. Sur la question, le président en exercice de l’UMAV a donné des détails : « Pour faciliter la scolarisation des enfants aveugles, une école a été créée en 1993. De cette date à nos jours, beaucoup d’élèves qui, après avoir fini leurs études, se sont, grâce à cette école, retrouvés dans les secteurs publics et parapublics du pays ». D’après lui, l’UMAV a une école à Bamako, Ségou et à Gao. Des écoles construites pour la scolarisation des personnes aveugles et qui se trouvent à la charge de la structure. Soulignant les difficultés auxquelles reste confrontée l’UMAV, il précise que la subvention annuelle de l’Etat, estimée à 11 millions de FCFA, est insuffisante.

« Cette subvention de l’Etat ne dépasse pas le premier semestre. Ces enfants sont dans l’internat, donc pris en charge par l’UMAV. Nous sommes  obligés de chercher d’autres fonds avec les partenaires et les personnes de bonne volonté pour la prise en charge de ces enfants aveugles qui étudient », laisse entendre Hadji Barry. Certes, dit-il, le Mali a adopté une loi pour les personnes handicapées de manière générale. Cette loi n’a pas son décret d’application à présent. Cela constitue une autre difficulté, explique M. Barry. Aux dires du président, l’UMAV se trouve avec  des arriérés de l’énergie du Mali et n’a pas de bus pour le transport des enfants internés. « Ne serait-ce qu’à l’école fondamentale de Bamako, ajoute-t-il, nous avons plus de 350 enfants aveugles. Les causes qui font que l’homme est rendu aveugle peuvent être nombreuses. Je dois aussi avouer que ce ne sont pas eux seuls qui mendient, les personnes valides le font aussi ».

Handicapé ou aveugle, tout le monde doit  être secouru selon M. Barry. « Handicapés ou personnes aveugles, je crois qu’ils sont dans un besoin de prise en charge. Mais malheureusement, il n’y a pas de politique nationale dans ce sens. C’est pourquoi, estime-t-il, sans cela, on a beau faire, mais tant qu’on ne développe pas une vraie politique d’insertion socio-professionnelle et économique, ça sera difficile de lutter contre leur mendicité ». Et de finir par préciser que les Etats africains « doivent faire plus dans la prise en charge et l’amélioration des conditions de vie des aveugles ».

Dans le cadre de l’insertion socio-économique en milieu rural, l’UMAV a, selon Moussa Keita, membre du bureau, initié un projet visant à aider les non-voyants à faire des travaux champêtres. Notre interlocuteur nous signale que le recrutement spécial qui se faisait par le gouvernement au profit des non-voyants est actuellement arrêté.

Parlant de lutte contre la cécité, il souligne que l’unité hospitamologique ouverte par la structure s’occupe des premiers soins. Pour Moussa Keita, les causes de la cécité sont nombreuses : « Pour certains, c’est dû à des maladies telles que rougeole, d’autres peuvent se blesser l’œil. A l’institut des jeunes aveugles (I.J.A), il y en a qui sont nés avec la cécité. Les gens qui tombent aveugles à cause de la cécité sont nombreux que ceux qui le trouvent par blessure des yeux ». Certes l’Etat fait  quelque chose, mais, dit-il, on ne peut pas dire que les enfants aveugles sont dans des conditions appropriées aujourd’hui, a-t-il souligné.

Mamadou Diarra

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