« Conformément à l’Article 90 de la Constitution de notre pays, je vous avais informé, le 27 décembre 2012, de l’évolution de la crise politique et sécuritaire en République centrafricaine. Cette crise nécessitait l’implication de notre pays en tant qu’Etat membre et surtout, pays assurant la présidence au Sommet de la Conférence des Chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) », annonçait le Président tchadien, Idriss DébyItno, aux députés de son pays. Cette présence « des fous du désert » (comme les appelaient les Libyens du temps du Guide Kadhafi) apportera un coup d’accélérateur à la guerre au Mali.
Le Président Deby dira que c’est avec un réel plaisir qu’il informe son peuple à travers le Parlement pour confirmer l’engagement du Tchad et de l’ensemble de la Communauté à aider le Mali à recouvrir son intégrité territoriale. D’ailleurs, le Tchad partage avec le Mali l’appartenance à la région sahélienne et à des organismes communs de coopération comme le Comité inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), la Communauté des Etats sahélo-sahariens (CEN-SAD), l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). Aujourd’hui, le Mali est sous les projecteurs de l’actualité avec l’engagement des opérations militaires de reconquête d’une grande partie du territoire occupée par une rébellion armée menée par le MLNA et par des groupes terroristes tels que le MUJAO, Ançardine et AQMI. « Dès le déclenchement de cette crise il y a plus de 9 mois, des sollicitations plus ou moins ouvertes ont été adressées au Tchad pour une intervention en faveur des autorités maliennes », indiquera Déby devant les députés tchadiens. L’attention accordée ainsi à notre pays est un signe de considération pour les efforts déployés en faveur de la paix et de la stabilité en Afrique, mais elle commande au Mali de faire preuve de beaucoup de responsabilité en tant que Nation située au cœur du continent africain.
« Depuis le 11 janvier 2013, les regards sont tournés vers le Mali pour scruter le moindre signe de réaction de notre part par rapport au déclenchement, par la France, de l’opération « SERVAL » au Mali », a conclu Déby. C’est pourquoi dans la journée du mercredi passé, il a rencontré le Premier ministre malien, les présidents des grandes institutions, les présidents des groupes parlementaires représentés à l’Assemblée nationale et quelques membres du gouvernement. Des rencontres dont l’ordre du jour portait sur la crise.
La CEDEAO et plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest ont formulé des demandes au Tchad pour qu’il vole au secours du Mali. Aussi, conformément à la Résolution 2085 du 20 décembre 2012 du Conseil de sécurité des Nations Unies autorisant le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), aux appels de l’Union africaine et à la demande expresse du Président Dioncounda en date du 14 janvier 2013, le Tchad a décidé l’envoi de ses soldats au Mali. « L’Afrique ne peut rester indifférente face à ce qui se passe au Mali. Elle doit soutenir la France », a déclaré le Président Déby. Aussi a-t-il informé le Premier ministre, les présidents des institutions et des groupes parlementaires représentés à l’Assemblée nationale de sa décision d’envoyer 2 000 soldats aux forces internationales présentes sur le sol malien. «Le Tchad ne pourrait continuer à garder le silence. Il ne peut se soustraire à son obligation de solidarité vis-à-vis du peuple malien. C’est la raison pour laquelle j’ai donné l’accord du Tchad, à la demande des autorités françaises, pour que la mission « Epervier » puisse être mobilisée au profit de l’opération « Serval » à partir de notre territoire. En outre, nous avons pris la décision de déployer sur le sol malien un contingent de l’Armée nationale tchadienne pour soutenir les efforts de la communauté internationale en vue de la restauration de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République du Mali », a annoncé le Chef de l’Etat tchadien. Après ce message, l’Assemblée nationale malienne a adopté à l’unanimité l’envoi d’un contingent tchadien au Mali.C’est ainsi que le mercredi 16 janvier, à 17h35, le premier C130 des forces armées tchadiennes, frappées des couleurs nationales, a décollé à destination de Bamako. A son bord, un bataillon des forces spéciales tchadiennes de l’armée nationale et des matériels. Il sera suivi par le Boeing 737 de la compagnie nationale aérienne Toumaï et d’une Antonov. L’armée tchadienne est non seulement aguerrie et professionnelle dans les combats dans le désert, mais surtout beaucoup respectée pour ses hauts faits d’armes. Le théâtre actuel des opérations (le Sahel) n’a donc aucun secret pour elle. Parlant de la guerre au Nord-Mali, et avec cette présence des forces armées tchadiennes, on peut dire sans se tromper que les bonnes choses vont commencer.
Paul N’Guessan