C'est dans la nuit du mardi 17 avril 2012 vers 22 heures, alors qu'ils venaient de terminer le dîner auquel les a avaient conviés le président de la République intérimaire, Pr Dioncounda Traoré, que le président du parti Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), Tiéman Hubert Coulibaly, les députés Me Kassoum Tapo, Ibrahima Dianessy et le chauffeur de Me Tapo ont été arrêtés. C'était à l'Hôtel Azalaï Salam où réside provisoirement le président intérimaire. Avant cela, le cabinet et le domicile de Me Kassoum Tapo, le porte-parole du Front anti-putsch avaient été saccagés et pillés.
[caption id="attachment_55394" align="alignleft" width="310" caption="Tieman coulibaly"]

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Selon le témoignage de l'honorable Ibrahima Dianessy qui a été relâché et que nous avons rencontré hier à l'Hémicycle, ces arrestations ont surpris plus d'un.
" Nous étions à l'Hôtel où nous venions de dîner avec le président Dioncounda Traoré. Nous étions à la porte lorsqu'il est rentré dans sa chambre. Le temps qu'il revienne, une vingtaine de militaires armés sont rentrés violemment dans la salle d'attente où Me Tapo, Tiéman Coulibaly et moi étions en train d'échanger… ", a déclaré le député URD élu à Bafoulabé avant de reprendre son souffle. " Nous n'avions rien compris lorsqu'ils se sont approchés de nous et celui qui devait être leur chef a déclaré l'air grave : Me Tapo et ses amis, la récréation est terminée, suivez-nous ! ".
Ainsi, comme dans un film, souligne Ibrahima Dianessy, Me Kassoum Tapo, Tiéman Hubert Coulibaly, Ibrahima Dianessy et le chauffeur de Me Tapo, qui avait voulu passer un coup de fil que les militaires ont jugé suspect, ont été emmenés. Destination : d'abord au camp I où ils ont été soumis à des fouilles minutieuses et dépossédés de leurs téléphones. Puis cap sur le camp Soundiata Kéita de Kati. Ils ont été accueillis par des invectives lancées par certains éléments qui ont braqué leurs armes sur leurs prisonniers en les traitant de « voleurs, corrompus»
Quelques morceaux choisis de l'interrogatoire (rapporté par l'honorable Dianessy) dirigé par un lieutenant en plein air : " Connaissez-vous Me Tapo ? Au moment du massacre d'Aguel Hoc, qu'avez-vous fait en tant que députés ? Pourquoi pas de motion de censure ? ". Le député a tenté quelques réponses avant de se faire dire que tous ceux qui veulent aider les militaires peuvent le faire. Mais ceux qui veulent s'opposer à eux, tolérance zéro !". Un message clair !
L’honorable Dianessy et le chauffeur de Me Tapo seront libérés avec un avertissement : «si par votre comportement on vous ramène ici…». Et l'honorable député d'invoquer l'immunité parlementaire pour vouloir attendre la libération des autres infortunés (au moins le député Me Tapo). Ce à quoi il lui a été répondu de dégager le plancher.
Rappelons que dans la nuit de lundi à mardi, d'autres personnalités et non des moindres telles que l'ex-Premier ministre Modibo Sidibé, Soumaïla Cissé, le Général Sadio Gassama, Bani Kanté ont été interpellées. Ces vagues d'arrestations ont fait et continuent de faire l'objet de vives condamnations tant au plan national, sous-régional qu'international. Au plan interne, le président de la République intérimaire et le Premier ministre condamnent ces actes qui violent le principe du fonctionnement d'un Etat de droit.
En outre, une délégation de la CEDEAO se trouve à Bamako depuis hier pour rechercher les voies et moyens permettant de libérer ces personnalités détenues par la junte. La France et l'Union européenne haussent le ton en exigeant l'élargissement immédiat de toutes les personnes détenues et particulièrement l'ancien Premier ministre Modibo Sidibé, qui est à sa troisième arrestation.
Comme on le voit, au plan national et international, plusieurs voix ne cessent de s'élever pour désapprouver ces regrettables intrusions de la junte qui a renversé le président Amadou Toumani Touré le 22 mars dernier.
Bruno D. SEGBEDJI