Bamako s’apprête à devenir, durant trois jours, le carrefour des préoccupations humanitaires de l’Alliance des États du Sahel. Du 7 au 9 août 2025, la capitale malienne abritera le tout premier Forum humanitaire de l’AES, une rencontre régionale prévue au Centre International de conférences de Bamako. L’annonce en a été faite le 1er août par les autorités maliennes dans une communication officielle publiée sur leurs canaux institutionnels.
Le thème retenu pour cette première édition, « Politiques humanitaires et mécanismes de financement de l’action humanitaire dans l’espace AES : enjeux, défis et perspectives », reflète l’ambition des trois États membres — Mali, Burkina Faso et Niger — de mieux coordonner leurs réponses face à des crises humanitaires devenues structurelles. L’événement réunira des représentants étatiques, des agences onusiennes, des organisations non gouvernementales et divers partenaires techniques intervenant dans la région.
La tenue de ce forum intervient dans un contexte marqué par une intensification des besoins humanitaires dans le Sahel central. En 2025, le Mali compte près de 4,8 millions de personnes nécessitant une assistance humanitaire, selon les données publiées par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Le Burkina Faso fait face à une situation tout aussi préoccupante, avec 8,4 millions de personnes identifiées comme vulnérables. Au Niger, les chiffres exacts sont plus difficiles à établir, mais les dernières estimations font état de plusieurs millions de personnes affectées par les effets cumulés des conflits armés, des déplacements internes, de l’insécurité alimentaire et des aléas climatiques.
Les plans de réponse humanitaire mis en œuvre dans ces trois pays pour l’année 2025 sont tous confrontés à des difficultés de financement. Selon les évaluations consolidées au niveau régional, le montant global nécessaire pour couvrir les besoins humanitaires dans l’ensemble de l’espace AES dépasse quatre milliards de dollars. Or, à la date du 1er août 2025, moins d’un tiers des fonds requis avaient effectivement été mobilisés. Ce déficit financier structurel limite considérablement la capacité des acteurs humanitaires à atteindre les populations les plus isolées ou les plus exposées.
Le forum de Bamako pourrait marquer une étape importante dans la réflexion stratégique des pays de l’AES sur les modalités de financement et de pilotage de l’action humanitaire. Bien qu’aucun document programmatique n’ait encore été rendu public à la veille de l’ouverture, les échanges annoncés devraient aborder les moyens de renforcer la souveraineté opérationnelle des États en matière de réponse humanitaire, tout en recherchant des partenariats plus adaptés aux réalités du terrain.
À trois jours de son lancement, le rendez-vous de Bamako est déjà perçu comme un moment symbolique de consolidation de la vision confédérale portée par les chefs d’État du Mali, du Niger et du Burkina Faso, dans un espace où les enjeux humanitaires, sécuritaires et sociaux sont de plus en plus interdépendants.
MD/ac/Sf/APA
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