Achat des notes dans l’espace universitaire : La complicité du syndicat

19 Nov 2012 - 14:15
19 Nov 2012 - 14:15
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Notre pays n’est certes pas le seul au monde où l’immoralité a droit de cité dans l’espace scolaire et universitaire. Mais, ce qui se passe chez nous, est très grave.

Il y a une semaine, nous échangions avec une étudiante de la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP), à propos des examens de fin d’année au niveau de sa Faculté. Ce qu’elle raconte est extrêmement scandaleux. Malheureusement, le mal est connu de toutes les autorités scolaires et universitaires, des syndicats et des Pouvoirs publics, mais aucune d’elle n’a nullement l’intention de changer d’un pouce la situation.

Selon elle, depuis quelques années, la FSJP n’organise plus de session de rattrapage. Les étudiants ajournés sont obligés de négocier directement avec les professeurs sous forme de réclamation. Cette négociation a lieu au secret et surtout en dehors de l’espace universitaire moyennant espèce sonnante et trébuchante. Pour passer dans la classe supérieure, l’étudiant est donc obligé de débourser entre 75 000 et 150 000 FCFA.  L’étudiant, qui a souci de s’affranchir de ce purgatoire, où il n’y a que l’argent qui règle les choses en lieu et place de la compétence intellectuelle (normalement acquise à l’issue des cours reçus pendant l’année universitaire) n’a d’autre choix que d’accepter la solution qui lui est imposée. Le professeur n’a plus le souci de l’avenir professionnel de son étudiant, mais ce qu’il peut lui rapporter à l’instant « T » en terme pécunieux. À la FSJP, il y a des noms de plusieurs professeurs impliqués dans cette sale besogne, qui reviennent en fréquence dans les causeries des étudiants. Mais, au stade actuel de nos informations, nous tairons ces noms. Au delà de ces personnes, la pratique est générale et implique presque tous les enseignants du supérieur. Ce qui est révoltant dans cette situation, c’est que le secrétaire général du syndicat national de l’enseignement supérieur (SYNESUP), Dr Abdou Mallé reste muet devant une dérive de cette ampleur. Il est du devoir du syndicat de veiller non seulement sur la qualité de l’enseignement dispensé dans l’espace scolaire et universitaire, mais aussi et surtout des conditions dans lesquelles il est diffusé. Malheureusement à l’Université de Bamako, la morale et le bon sens sont des ingrédients qui manquent le plus à la sauce pour qu’elle soit gustative. D’abord au plan académique, les cours sont accaparées par des fonctionnaires « zombis » retranchés dans des Bureaux climatisés, mais qui font dispenser leur cours par des jeunes sortants des mêmes Facultés, mais qui sont très mal formés. Ces fonctionnaires zombis sont des grands commis de l’Etat : des magistrats, des administrateurs civils, des médecins des hôpitaux, des avocats, etc. Certains de ces fonctionnaires, à l’image du secrétaire général de la Présidence, Baba Berthé, occupent d’importantes fonctions au niveau de l’Etat. Visiblement, les revenus perçus au niveau de leurs postes de responsabilité ne leur suffisent donc pas. C’est pour cette raison, qu’ils se livrent à une sorte de racket des étudiantes en leur dépouillant de leurs maigres bourses.

Ce sont les jeunes, recrutés certes par voie de concours directs organisés par l’Université elle-même, (mais avec des résultats connus à l’avance) qui sont chargés d’exécuter la salle besogne. Ils échangent les moyennes contre espèces sonnantes et trébuchantes. Les mentors reçoivent leur dividende dans les Bureaux, et, ni vu ni connu. Cette sorte de mafia s’oppose à toute innovation au sein de l’espace universitaire, notamment les autres fonctionnaires qui veulent venir dans l’enseignement se voient la porte hermétiquement fermée. Même, les professeurs envoyés par le PNUD dans le cadre du projet Tokten éprouvent d’énormes difficultés à s’intégrer dans le système. L’objectif étant de maintenir l’Universitaire dans une sorte de crise permanente de professeurs en vue de gonfler artificiellement des heures supplémentaires, en réalité non justifiées et anormalement attribuées aux uns et aux autres en fonction de ce qu’ils peuvent faire au doyen en terme d’argent. La gestion à vase clos de l’Université vise aussi à maintenir en poste des professeurs qui sont admis à la retraite depuis des années, mais qui ne veulent pas céder la place aux jeunes. Au lieu que le syndicat s’attaque à ces questions existentielles et structurelles à l’Université, il sacrifie plutôt l’avenir des jeunes au profit de leurs seuls intérêts égoïstes et égocentriques.

Le gouvernement se doit d’être courageux pour mettre fin à la mafia bureaucratique et syndicale qui assombrit l’avenir de la jeunesse et du pays.

Rappelons que depuis plusieurs semaines, le Synesup observe une grève illimitée. Un seul tour au campus, on se rend compte de l’incurie à l’Université de Bamako.   Mohamed A Diakité

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