Salimou : l’histoire d’un alcoolique légendaire !

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    Quand il s’agit de sensibiliser sur les méfaits de l’alcool, un seul nom revient fréquemment et unanimement sur les lèvres des griots les plus écoutés du manding. Salimou !

    Qui n’a pas encore entendu la fameuse phrase « Salimou dölö magnin… » ? Littéralement, traduit de Malinké, « Salimou, l’alcool n’est pas bon ».

    Babadjan, Salif Keïta, Backo Dagno, Bill de Sam, Les amazones de Guinée… tous ont chanté la légende Salimou.

    Mais qui était cet homme au nom scellé à l’alcoolisme ? Pourquoi était-il autant célèbre ?

    Entre les années 70 et 80, vivait un homme charismatique en République de Guinée. Taille imposante, teint métissé, cheveux frisés, de longues barbes bien soignées…

    La beauté physique est relative, dira-t-on, mais celle de cet homme faisait l’unanimité des gens de son époque. Son nom ? Salimou Chérif Haïdara.

    Le briseur des interdits et des normes sociales…

    Historiquement, le nom « Cherif » renvoie à la noblesse. Les Chérifs ont même un lien prophétique parce qu’ils désignent la noble descendance de Fatima, fille bien aimée du Prophète Mohammed (PSL).

    Au sens étymologique, Chérif viendrait de l’arabe « Al Sharif » qui signifie « sainteté » ou « noblesse ».

    Traditionnellement, on peut tout attendre des Cherif sauf des conduites anti-islam. Ils sont de grands chefs religieux, des grands marabouts aux comportements irréprochables. Les Chérif ne boivent pas, ils ne chantent pas, ils vivent conformément aux principes islamiques.

    C’est justement cette norme qu’un certain Salimou viendra inverser en brisant l’un des chemins les plus interdits de l’islam. La consommation de l’alcool.

    Salimou était un chauffeur sur la ligne Conakry-Kankan. En lieu et place du Coran et du chapelet, Salimou avait développé un amour irrésistible pour l’alcool. Il buvait en tout lieu et à tout le temps.

    Si le buffet de la gare de Kankan était équipé de caméra, on verrait Salimou traîner dans les rues avec les bouteilles d’alcool. On verrait les remontées de sang sur les prunelles de ses yeux a mis-ouverts. On verrait également un Cherif aux démarches dandinantes, titubantes et trébuchantes dans les rues de Kankan. On le verrait même jouer à la guitare, une autre passion qui l’emportait.

    Pourtant, Salimou était le « meilleur » chauffeur de son temps. Quel que soit l’état de la route, il fallait jusque qu’il boive à en vomir pour conduire ses passagers à destination avec sureté et succès.

    De toute sa vie, Salimou n’avait jamais eu d’accident de route. Pourtant, le digne fils de la lignée prophétique était tout le temps ivre.

    Un jour, il confia à l’une de sa passagère qu’il aimerait être lavé avec de l’alcool quand il va mourir. Qu’il aimerait que l’on imbibe son corps et sa tombe d’alcool.

    Un alcoolique anti-alcool

    Autant Salimou buvait, autant il défendait les jeunes contre l’alcool. S’il fallait donner toute son économie aux griots pour sensibiliser les jeunes, il le faisait.

    Il conduisait même gratuitement certains griots à condition que ceux-ci chantent « Dölö bila », chanson devenue mythique et très populaire au Manding.

    La consommation immodérée de l’alcool a fait de Salimou le baromètre de l’ivresse. Il en est même le superlatif.

    Origines controversées…

    « Plusieurs versions tournent autour de son origine. Certains témoins racontent qu’il ne serait pas de la grande famille Chérif de Kankan. Qu’il serait d’origine mauritanienne et qui se serait installé à Kankan.

    D’autres rajoutent que c’est sa mère qui serait mauritanienne. L’un dans l’autre, toujours est-il que Salimou est connu comme étant un fils de Kankan qui, dans l’exercice de son métier de chauffeur routier, a fait beaucoup de miracles, malgré son état toujours alcoolique.

    D’aucuns racontent qu’avant sa mort, on lui avait interdit l’alcool. Cela aurait précipité sa mort, car il était devenu dépendant de l’alcool.

    Aujourd’hui, la photo de Salimou, le plus grand alcoolique connu de l’histoire de notre pays, traine au musée de Kankan. » Sayon Mara

    Et vous, connaissez-vous une autre version de l’histoire de cette légende des maquis ? Partagez avec nous !

    Ousmane Bangoura

     

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