Dr. Al Mahady Toure, médecin spécialiste en sante publique internationale : "La pneumonie est en baisse"

Dr. Al Mahady Touré : La pneumonie est une infection bactérienne virale. Les causes sont d’origine infectieuse très souvent, soit due à des virus le plus fréquemment des virus respiratoires syncytial (VRS), mais également des bactéries.

Généralement, en Afrique subsaharienne ou dans les pays en développement, la pneumonie est le plus souvent due à des bactéries. On a incriminé surtout hæmophilus influenzae et streptococcus pneumoniae. Pour tous les deux, les enfants atteints d’une pneumonie bactérienne peuvent mourir de manque d’oxygène et d’infection généralisée.

Selon l’OMS, plus de 10 millions d’enfants meurent chaque année dans les pays en développement avant leur 5e anniversaire. 7/10 de ces décès sont provoqués par des infections respiratoires dont la pneumonie qui constitue 19 % des causes de décès.

 Mali Tribune : Comment se manifeste la pneumonie ?

Dr. A. M. T. : Elle se manifeste par des symptômes phares dont la fièvre, la toux qui est productive. Il peut y avoir également des maux de tête, la difficulté respiratoire qu’on peut considérer comme des signes associés. Elle se manifeste souvent par la respiration très rapide chez les enfants, surtout de moins de 5 ans.

Il faut penser également aux facteurs qui favorisent la survenue de la pneumonie chez les adultes.  A la tête de cette liste, on a le tabagisme. Un fumeur peut facilement développer une pneumonie. Il faut également retenir que ses sacs peuvent également se remplir de liquide ou de pue suite aux inflammations, ce qui va entraîner une difficulté respiratoire et associée à la fièvre.

Mali Tribune : La période de fraîcheur est-elle favorable au développement de la maladie ?

Dr. A. M. T. : Oui, parce qu’il faut reconnaître que les bactéries ou les virus responsables de cette maladie sont souvent liés à des facteurs qui favorisent l’immunité. Face à une grippe, un syndrome palustre ou n’importe quelle autre maladie qui peut vous affaiblir qui n’est pas bien prise en charge et à temps surtout pendant la fraîcheur cela peut favoriser la survenue de la pneumonie.

 Mali Tribune : Est-ce qu’on enregistre une hausse de cas de pneumonie actuellement à Bamako ?

Dr. A. M. T. : Je ne peux pas répondre à cette question par une affirmation car, chaque semaine, le ministère de la Santé fait la situation épidémiologique. La pneumonie fait partie des maladies à déclaration.

De façon générale, la situation de pneumonie est en baisse pour plusieurs raisons, notamment à cause du fait qu’on vaccine les enfants dès le bas âge contre le streptococcus pneumoniae et hæmophilus influenzae.

Mali Tribune : Comment se fait la prise en charge de la maladie ?

Dr. A. M. T. : Il faut forcément voir un agent de santé. Au Mali les agents de santé sont très bien formés pour la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant, surtout pour les enfants de moins de 5 ans. Très souvent, c’est le traitement symptomatique quand il s’agit des virus. Le traitement est antibiotique quand c’est lié à des bactéries.

Mali Tribune : Comment éviter la pneumonie ?

Dr. A. M. T. : Les mesures préventives reposent beaucoup sur la vaccination contre hæmophilus influenzae et streptococcus chez les enfants de moins de 5 ans. Les vaccins disponibles contre ces bactéries sont : le pneumo 1, 2, 3 que l’Etat donne gratuitement au Mali.

Il fait partie du Programme élargi de vaccination (Pev). Une fois que l’enfant a eu cette couverture de façon générale, il y a de fortes chances qu’il ne manifeste pas cette maladie. Il peut faire des rhumes et des toux, mais va pas jusqu’à l’état pneumonie.

Au-delà de la vaccination, on conseille aux mamans de préserver les enfants contre le froid en leur faisant porter des habits lourds surtout en période de grands froids. Egalement, il faut respecter les mesures d'hygiène en se lavant constamment les mains au savon et en évitant de toucher tous les objets contaminés, surtout quand il y a un cas de maladie déclaré. Les fumeurs doivent faire extrêmement attention par rapport à la consommation de tabac.

Propos recueillis par

Nanaissa Babana Diallo

(stagiaire)