Mme Niaré Fatoumata Kéita, Fondatrice de Figuira Editions : Une figure confirmée de la littérature malienne

Fatoumata Kéita, épouse Niaré, est l’une des écrivaines les plus dynamiques du Mali. Poétesse, romancière, nouvelliste, essayiste, éditrice, cette figure confirmée du monde littéraire est une amazone à l’écriture tranchante et très interpellatrice.

23 Sep 2025 - 17:27
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Mme Niaré Fatoumata Kéita, Fondatrice de Figuira Editions : Une figure confirmée de la littérature malienne
Mme Niare

Membre du Réseau des femmes écrivaines du Mali et de la diaspora (RFEMD) du Parlement des écrivaines africaines et du Conseil d’administration de Mansa (Mandé Studies), Mme Niaré Fatoumata Kéita est la Promotrice de Figuira Editions et initiatrice de l’espace Jigiya. 

Mince, de taille moyenne, Fatoumata Kéita, épouse Niaré ou Fatim pour les intimes, cache derrière son apparence simple une tête bien-pensante. Aînée d’une famille de 7 enfants dont 5 filles, cette malinké originaire de Figuiratomo dans le Mandé profond, a parcouru tout le pays pour faire ses études. Ancienne élève du Lycée de Badala de Bamako, elle est titulaire d’une maîtrise en Socio-anthropologie obtenue à la FLASH et d’un DEA en Socio-économie du développement à l’Université Mandé Bukari.

Comment cette élève brillante, qui prenait les mathématiques pour un jeu, a-t-elle épousé l’écriture au point de devenir une célébrité nationale et internationale ? Fatim met en avant l’environnement lettré dans lequel elle a évolué. Son père Bandiougou Kéita, l’un des premiers cadres de l’opération Thé Farako, un syndicaliste qui séduit par sa rigueur et surtout sa grande probité, est un grand ami des livres. Dans la famille Kéita, nous rappelle l’aînée Fatoumata, le mot d’ordre était : pas de journée sans lecture. « C’est mon papa qui était écrivain. C’était lui l’écrivain, pas moi. Il m’a transféré son rêve. Il m’a fait vivre ce rêve. Je pense que tout est venu de lui », nous confiait-elle, il y a quelques années au cours d’un entretien.

A force de lire, elle a piqué le virus de l’écriture sans avoir la prétention d’être une écrivaine. Depuis l’école primaire, elle avait pris l’habitude de griffonner quelques lignes sur des papiers. Au lycée, elle est partie jusqu’à écrire sur l’un de ses cahiers la mention : « interdire de lire ». A l’âge de 12 ans, la jeune Fatim écrit à Kayes en février 1989 son premier poème. « Je n’avais aucune prétention d’être écrivaine…. J’écrivais pour mon équilibre intérieur, mon bien-être. L’écriture était mon ami…. L’écriture est ma seule plage», ajoutait cette malinké partagée entre tradition et modernité. Pour Mme Niaré, « l’écriture est le seul moment de liberté réelle ».

Très ferme, décisive et souvent intransigeante

Militante de la cause de la femme, elle opte pour un équilibre entre la femme et l’homme. Briseuse de tabous, « poétesse engagée et révoltée  l’écrivaine à la langue tranchante aborde dans ses œuvres les multiples facettes de la société malienne avec une liberté déconcertante ».

Selon le journal français « Le Monde », elle prend plaisir à « malinkéniser » le français, avec les expressions « aller ôter du chemin le regard des siens » pour dire mettre un terme à une attente ; « traceur de sable » pour prédicateur ; « mettre sous fer » pour exciser.

Joviale et très courtoise, celle qui peut aligner une rafale d’anecdotes dans ses causeries se veut très ferme, décisive et souvent intransigeante dans ses prises de décisions. Elle inspire le respect et ses démarches forcent le respect. Femme de conviction, « cette grande dame », selon Ismaila Samba Traoré, Patron des Editions La Sahélienne, « est une sublime passionaria, amazone de tous les combats, muse de l’humanité… ».

Avec plus de dix œuvres disponibles dans les rayons des librairies et des bibliothèques, Fatoumata Kéïta est l’une des écrivaines les plus dynamiques du Mali. Interrogée par NYELINI Magazine sur la question : quel objectif voulez-vous atteindre à travers l’écriture ?, elle répond : « Amener les enfants à rêver, à rêver grand, à pousser leur imaginaire plus loin, tout en apprenant à penser par eux-mêmes. Inciter les adultes à réfléchir et à interroger leurs habitudes, sans user de violences. Participer aux changements de mentalités des générations futures, à partir de mes productions ».

Par son dynamisme et sa persévérance, Fatim a réussi à positionner Figuira Editions qui est devenue au bout de quelques années une référence. 

Lauréate du Prix Massa Makan Diabaté en 2015 et du 2ème Prix du meilleur roman féminin en Afrique de l’Ouest en 2016, elle a eu plusieurs autres distinctions de 1994 à 2003. Membre du Jury de la dernière biennale artistique et culturelle, elle est récipiendaire de la Médaille de l’étoile d’argent du Mérite national avec effigie lion débout. En 2023, elle a eu une attestation de reconnaissance de la Coordination des jeunes du Mandé. Elle vient d’être honorée Femme Impact 2025.

Mme Niaré Fatoumata Kéïta est très reconnaissante à l’endroit de son mari.  

Moussa Diarra

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