Le premier ministre Choguel Kokalla Maïga au forum sur les problématiques de la retraite au Mali : “Le rêve de tout travailleur est de mériter une retraite, une bonne retraite sanctionnée par le bénéfice d’une pension”

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“Le montant des majorations consécutives aux différentes revalorisations des pensions est passé de 1 727 580 737 F CFA en 2015 à 10 474 532 311 F CFA en 2022″

La cérémonie d’ouverture du Forum sur les problématiques de la retraite au Mali était présidée par le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga. Avant de procéder à l’ouverture de l’atelier, il a souligné que le rêve de tout travailleur est de mériter une retraite, une bonne retraite sanctionnée par le bénéfice d’une pension et que le montant des majorations consécutives aux différentes revalorisations des pensions est passé de 1 727 580 737 F CFA en 2015 à 10 474 532 311 F CFA en 2022, soit une augmentation de 606 % en 8 ans ?

près avoir fait observer une minute de silence pour la mémoire de toutes les victimes, civiles et militaires, maliennes et étrangères, tombées pour la cause du Mali depuis le déclenchement, en 2012, de la crise multidimensionnelle qui affecte le Mali, le Premier ministre Dr. Choguel Kokalla Maïga a salué l’Association des retraités aux efforts du gouvernement pour mieux prendre en charge les questions liées au recrutement des ressources humaines pour l’Etat et les collectivités territoriales, le déroulement de leur carrière, ainsi que leur sortie de carrière. Il a rappelé que la gestion de la pension de retraite au Mali a connu des fortunes diverses dans son évolution et sa gestion.

“Avant l’indépendance, la couverture vieillesse était assurée par le régime conventionnel de l’Institut de prévoyance d’Afrique de l’Ouest (Iprao) qui a vu le jour en 1958 à Dakar au Sénégal pour certaines catégories de travailleurs. Après l’accession de notre pays à son indépendance, la loi n°61-58/AN-RM du 15 mai 1961 a institué un régime de retraite au profit de tous les travailleurs au sens du Code du travail du Mali et sa gestion a été confiée à l’Institut national de prévoyance sociale (INPS) par la loi n°61-59/AN-RM du 15 mai 1961.

De 1958 jusqu’en 1986, le calcul de la pension de retraite était fait sur la base d’un système de point. A la suite d’intenses luttes syndicales, le système de point a été abandonné au profit du système d’annuité avec un taux de remplacement de 2% institué par la loi n°86-69/AN-RM du 9 août 1986 portant modification du régime de retraite en République du Mali. Cette loi enrichit le régime existant avec deux nouveaux types de prestation de retraite, à savoir l’invalidité et l’allocation de survivant. Aussi, l’âge d’admission à la retraite a connu une évolution.

De 55 ans, au départ pour toutes les catégories de travailleurs, il est aujourd’hui, de 58 à 65 ans pour les travailleurs des Epa et Epic ; de 58 à 60 ans pour les travailleurs du secteur privé, depuis l’adoption de la loi n°2019-025/AN-RM du 5 juillet 2019 portant modification du Code du travail en République du Mali”, a-t-il dit.

Il a ajouté que le travail anoblit certes l’homme, mais qu’il est constant que le rêve de tout travailleur est de mériter une retraite, une bonne retraite sanctionnée par le bénéfice d’une pension. “C’est pourquoi, face aux nombreuses demandes des syndicats des travailleurs et tenant compte du niveau de cherté de la vie, le gouvernement a consenti d’énormes efforts en termes de revalorisation des pensions afin de permettre aux retraités d’avoir des conditions de vie descentes. C’est ainsi que les pensions ont été augmentées de 10 % en juillet 1974, janvier 1991, avril 1998 ; de 15 % en avril et octobre 1994 ; de 7 % en avril 2001 ; de 2,15 à 15 % en octobre 2005 ; de 5 % en janvier 2008, janvier 2009. On note également que l’Etat a consenti des efforts d’augmentation de pensions à hauteur de 20 %, soit 5 % par année en 2015, 2019, 2020 et 2021. Le montant des majorations consécutives aux différentes revalorisations des pensions est passé de 1 727 580 737 F CFA en 2015 à 10 474 532 311 F CFA en 2022, soit une augmentation de 606 % en 8 ans. C’est aussi l’occasion de mettre en lumière les nombreuses initiatives du gouvernement telles que : la déconcentration des services techniques, la bancarisation des pensions, le contrôle physique périodique, le paiement en ligne des pensions pour certaines catégories.

Il s’agit là d’autant d’efforts qui illustrent la volonté du Président de la Transition, chef de l’Etat, Son Excellence le colonel Assimi Goïta et celle du gouvernement à améliorer la situation des travailleurs retraités”, a-t-il fait remarquer.

Le Premier ministre a reconnu que les données agrégées de l’INPS montrent que le régime des pensions connaît depuis 2016 un déficit qui, malheureusement, est devenu structurel avec une évolution croissante d’année en année.  C’est ainsi que le déficit moyen du régime des pensions de retraite est de 5 750 940 741 F CFA pour un déficit cumulé de 2015 à octobre 2023 de 51 758 466 671 F CFA. Autrement dit, les recettes de cotisations au titre du régime des pensions n’arrivent plus à couvrir les charges dudit régime.

Il a fait noter qu’à ce tableau, en raison des charges du régime, il a été établi que les cotisations collectées pendant la durée d’activité d’un travailleur sont aussitôt épuisées au bout de 3 ans en service du droit. Et il est constant que le service des pensions dure en moyenne 20 ans voire 25 ans. A ses dires, ce déficit s’explique non seulement par le niveau de plus en plus élevé des montants de pensions, mais surtout à cause de la dégradation du ratio du nombre de cotisants par rapport au nombre de bénéficiaires de pensions qui est passé de 4,6 cotisants pour un retraité en 2016 à 3 cotisants pour un retraité en 2023.

“C’est dire que nous faisons face aujourd’hui à une situation affichant moins de travailleurs actifs pour assurer la prise en charge d’un retraité.

Cette situation de déficit des pensions de retraite nous interpelle tous, gouvernants, employeurs et travailleurs. C’est pourquoi je salue la tenue du présent forum qui constitue un espace d’échanges interactifs entre gestionnaires de pensions, bénéficiaires de pensions et décideurs politiques en vue de réfléchir et de proposer des pistes de solutions à l’équilibre de la branche pension.

Il permettra également de jeter un regard rétrospectif sur le chemin parcouru par notre pays, notamment sur les efforts de l’Etat, à travers les Organismes de Sécurité sociale tels que la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS), la Caisse nationale d’assurance maladie (Canam), et l’Institut national de prévoyance sociale (INPS). En tout cas, je vous y engage fortement”, a-t-il instruit.

 Engagement

Il a assuré les retraités que le gouvernement accordera la plus grande attention aux recommandations issues de ce forum afin d’examiner à travers les structures compétentes, la question particulière de l’uniformisation des traitements. Car, pour lui, il n’est pas question de créer deux catégories de retraités dans notre pays.

“Il semble qu’il y a des frustrations générées chez certains retraités suite à des disparités constatées au niveau des pensions depuis l’adoption du nouveau Code des pensions du 11 juin 2018. La question sera examinée attentivement.

En effet, il est clair que tout cela se fait dans le droit fil de la politique sociale du gouvernement de transition qui, malgré le contexte économique national et international difficile, ne ménage aucun effort pour améliorer constamment les conditions de vie et de travail des employés de l’Etat. Cela s’est traduit en 2021 par l’harmonisation des grilles au niveau du Statut général de la Fonction publique et des autres statuts, et par une augmentation substantielle de la masse salariale de plus de deux cent milliards de francs CFA”, a-t-il dit.

Il a félicité et encouragé les associations de retraités sous l’égide des deux grandes faîtières que sont la Fnar et la Conari pour cette initiative du Forum à travers Mme la ministre de la Santé et du Développement social. Il a exhorté les deux associations à s’inscrire dans une démarche inclusive et participative dans la défense de nos intérêts compte tenu de la forte sensibilité et de la délicatesse du régime des pensions.

                              Siaka Doumbia

 

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