Mara en prison à la grande indifférence de ses camarades de la classe politique : A qui le prochain tour ?
Le glaive du régime transitoire du Mali n’épargnera aucune voix discordante et s’abattra à coup sûr sur tous ceux qui veulent s’opposer au nouvel ordre établi par les maîtres du jour.

Ni le statut encore moins l’aura ne sont aujourd’hui une couverture pour personne encore moins pour ceux qui ont eu à gérer le pays. Après l’ancien PM Moussa Mara mis sous mandat de dépôt le 1er Août 2025, par le procureur du pôle national de lutte contre la cybercriminalité, tous les regards sont tournés maintenant vers le pôle économique où un autre ancien PM, en l’occurrence Choguel K Maiga a fait le va et vient entre son domicile et cette structure pour répondre à des questions liées à sa gestion de fonds publics à la primature et à l’AGETIER. Les rumeurs avaient même fait état de son mandat de dépôt tout au long du week-end passé. Tout porte à croire qu’il subira le même sort que son cadet Moussa Mara, surtout quand on sait que depuis son éviction du fauteuil primatorial il est devenu un opposant, mais aussi et surtout les charges qui sont les siennes sont d’une extrême gravité au regard de la législation en vigueur au Mali qu’il échappera difficilement à cette exception devenue la règle, à savoir la prison. Pourquoi les hommes politiques sont-ils devenus les cibles privilégiées à abattre des autorités ? En quoi le cas Choguel K Maiga fait-il l’objet d’une indifférence au sein de la classe politique au point de s’en réjouir ?
Les autorités de la transition ont semble-t-il testé d’abord le degré de résignation, voire d’abdication et surtout de conviction des leaders de la classe politique avant d’engager une véritable chasse aux sorcières contre eux. En effet, pour savoir si les leaders politiques sont capables de résister voire de se révolter, les autorités de la transition ont commencé d’abord par interdire les activités politiques, ensuite elles ont incarcéré 11 de ses leaders sans coup férir, avant de prendre l’illégale décision de dissoudre purement et simplement les partis politiques et cela dans le seul but de faire taire toutes les voix critiques. Comme si cela ne suffisait pas elles ont engagé une véritable chasse à l’homme contre tout contrevenant à leur désidérata. Après les activistes politiques c’est le tour des leaders des partis politiques à l’image de Mamadou Traoré dit le roi et aujourd’hui c’est au tour des anciens premiers ministres que l’étau se resserre. Moussa Mara a été situé sur son sort et Choguel K Maiga ne dort plus que d’un seul œil. Ce qui est aberrant c’est que toutes ces scènes se passent dans une indifférence totale des autres leaders de la classe politique, qui semblent être pris de panique. Sont-ils toujours dans leurs guerres de tranchée alors qu’ils sont tous menacés de disparition ? Ou bien c’est le règlement de compte politique qui continue. Moussa Mara est considéré par de nombreux leaders politiques comme un jeune loup trop prétentieux qui ne voit midi qu’à sa seule porte. Pour ce faire il n’est pas trop apprécié au sein de la scène politique par ses aînés qui le trouvent trop pressé. Quant à l’indifférence au cas de Choguel K Maiga, elle est due au rôle qu’il a joué dans le pourrissement de la situation au Mali sous la transition. Il est considéré à tort ou à raison par ses détracteurs comme l’architecte qui a pensé et mis en scène le film qui est en train de se dérouler et dont il a été la première victime. Pour beaucoup d’observateurs de la classe politique Choguel K Maiga est incontestablement le bourreau qui veut se muer en victime. Pour ces quelques raisons et d’autres certainement les leaders politiques n’ont pas daigné lever le petit doigt pour apporter leur soutien à ces deux personnalités. N’auront-ils pas tort, car comme dit un adage bien connu, il ne faut pas se moquer de celui qui se noie tant qu’on n’a pas atteint l’autre rive.
Pourquoi les hommes politiques sont-ils devenus les cibles privilégiées à abattre des autorités ?
Ils sont les cibles privilégiées à abattre car ce sont eux qui lorgnent la place qu’occupent illégalement les autorités actuelles. Ils sont également persécutés parce qu’ils ne cessent de demander le retour à l’ordre constitutionnel ce qui serait synonyme de la fin de la transition et de surcroit des privilèges dont les dirigeants actuels jouissent. Les militaires ayant pris goût du pouvoir n’entendent pas le lâcher d’un iota et forts du soutien de l’armée ils ne craignent nullement les civils, sauf quand c’est la vox-populi qui se mobilise. Aujourd’hui cette dernière hypothèse ne semble pas être à l’ordre du jour. Car jouissant d’une certaine popularité auprès de certains maliens, d’autres, la grande majorité pris de panique, semble s’accommoder de la situation. En attendant le réveil, les autorités vont continuer à se la couler douce en faisant taire les quelques voix imprudentes et acrimonieuses. Une chose est sûre le réveil se fera, même tardivement car à la grande crise sociopolitique inédite est venue se greffer la crise sécuritaire. Si, au lieu de s’atteler à résoudre ces épineuses questions on s’attaque à ceux qui élèvent leurs voix pour critiquer, il y a là un véritable malaise.
Ce n’est pas dans un pays divisé que l’on pourra trouver des solutions aux questions existentielles ; c’est plutôt dans l’unité, dans la cohésion et surtout dans la solidarité que l’on peut relever les défis mêmes les plus immenses.
En quoi le cas Choguel K Maiga fait-il l’objet d’une indifférence au sein de la classe politique au point de s’en réjouir ?
Choguel K Maiga est considéré par nombre de ses détracteurs comme étant le bourreau de la classe politique. Il est indéniablement celui qui a élaboré toutes les stratégies qui ont permis aux autorités militaires de consolider leurs pouvoirs et de se maintenir aussi longtemps à la tête du pays. Alors qu’il ne restait plus que « sept à huit mois » avant la nomination de Choguel K Maiga comme premier ministre, ce dernier une fois au pouvoir a revu à la hausse leurs ambitions en initiant les Assises Nationales de la Refondation, ANR. Celles qui ont abouti à des propositions de recommandations dont celle relative à 5 ans de transition. Choguel K Maiga doit-il encore crier haro sur les autorités en affirmant que le pays est pris en otage par quelques militaires ? C’est là où réside toute l’inimitié qu’une bonne partie de la classe politique lui voue, au point de rester indifférente à ses ennuis judiciaires et même de lui souhaiter le même sort que ce que, avec sa complicité, certains hommes politiques ont subi. Choguel K Maiga aurait dû faire sienne cette citation de Nelson Mandela selon laquelle la politique met l’accent sur la réconciliation, l’égalité et la justice sociale. A défaut d’avoir la vision et l’action politique de Nelson Mandela Choguel K Maiga aurait dû avoir le sens élevé de l’intérêt général surtout étant issu du Mouvement populaire M5 RFP. Ayant fait l’unanimité au sein du Mouvement pour occuper le stratégique poste de Premier ministre, Choguel n’a payé ses camarades qu’en monnaie de singe. Il les a lâchés en plein vol. Comme pour dire que chassez le naturel il revient au galop, autrement dit, il est difficile de se faire ou du moins de masquer sa vraie personnalité.
Youssouf Sissoko
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