Adama Amion Guindo, Chef de département à l’OMH : « La démolition de N’Tabacoro n’est plus à l’ordre du jour pour raison d’hivernage »
La semaine dernière, le journal Mali Tribune a titré sur le projet de démolition des occupations illicites sur le site de l’Office malien de l’Habitat (OMH) à N’Tabacoro.

Les réseaux sociaux ont été enflammés suite aux sorties et meetings dans la zone. Les autorités en charge de la question ont décidé finalement de surseoir à ce projet de démolition pour à cause de l’hivernage en cours. Néanmoins, le projet reprendra après la saison des pluies. Les explications du chef du département ‘’Etudes et planification’’, à l’OMH, Adama Amion Guindo.
Mali Tribune : Qu’en est-il du projet de démolition des occupations ‘’illicites’’, dans la zone des logements sociaux à N’Tabacoro ?
Adama Amion Guindo : La démolition de N’Tabacoro n’est plus à l’ordre du jour pour raison d’hivernage. L’hivernage a déjà commencé pour des raisons pratiques et autres, il a été décidé de surseoir à la démolition. Nous allons attendre que l’hivernage passe d’abord, mais très certainement, après l’hivernage, il y aura la libération qui entraînera forcément la démolition.
Mali Tribune : Est-ce une démolition ou une libération ? Expliquez-nous.
A. A .G. C’est plutôt une libération même si c’est vrai que cette libération va entraîner une démolition, mais ce qui est très important dans ce qui se passe, c’est une libération en fait. C’est un projet de libération des voies d’accès. C'est-à-dire, des voies qui facilitent l’accès aux uns aux autres à leur maison dans les logements sociaux. Il y a aussi la libération des équipements, là où on doit faire les hôpitaux, les centres de santé, les écoles, les pharmacies, les boulangeries. Aujourd’hui, tout est occupé, même là où on doit faire du sport, parce que tout est prévu sur le site. Donc, ces espaces ont été morcelés et occupés aujourd’hui. Et puis, le lit du marigot et ses berges doivent être libérés. Ça fait partie du cadre de vie de ceux qui habitent sur le site.
Mali Tribune : Si vous dites une libération, est-ce qu’il n’y aura pas des maisons qui seront démolies pour construire d’autres maisons ?
A. A. G. : Non, pas de construction de maison. Il n’y aura pas de construction de maisons à ces endroits. En fait, ce sont des maisons qui ont été construites sur des routes, sur des voies, et qui empêchent les gens d’accéder librement à leur logement. C’est de ça qu’il s’agit. Ce n’est pas du tout une construction de maisons à la place de ces démolitions. C’est pour ça que je parle de libération. C’est libérer en fait les voies d’accès, les équipements, le lit du marigot et ses berges. Vous n’êtes pas sans savoir, que l’année dernière, quand on a reçu les fortes pluies, il y a eu de sérieux problèmes là-bas. Il y a des gens qui ont été obligés de déménager ailleurs. Attendre après l’hivernage et revenir. Ils viennent nous voir, ils pensent que les études n’ont pas été bien faites, ceci, cela. Mais ce n’est pas ça. C’est parce que l’eau n’a pas où partir en réalité. Les gens ont occupé le lit du fleuve. Les équipements, c’est une obligation, tu ne peux pas aller mettre des gens et dire qu’il n’y a pas d’hôpital, il n’y a rien. Il n’y a pas d’école, alors qu’on sait que ce sont des logements sociaux. Normalement, ce ne sont pas des gens qui sont censés aller faire des kilomètres pour amener leurs enfants et faire des va-et-vient. On a à peu près 10000 logements sur ce site-là, à la date d’aujourd’hui. Le site de N’Tabourot est plus grand que tout le reste des logements sociaux réunis de Kayes à Kidal. Seulement le site de N’Tabakoro, y compris le reste de Bamako. Il y a un cadre de vie qu’il faut construire autour de ça. On ne peut pas mettre là-bas les gens et les laisser avec des difficultés pour accéder à leur logement, des difficultés pour avoir des hôpitaux, des difficultés pour avoir des centres de santé, et ainsi de suite. Les bénéficiaires en parlent. Les gens sont fatigués. Ils contournent pour accéder à leur logement. Or tout est prévu. Les études ont tout prévu sur le site. On ne peut pas occuper cela. Et si c’est occupé, nous on le libère. Si, on va morceler et vendre, mais ça va finalement faire de l’anarchie sur le site.
Mali Tribune : Ça fait combien de temps aujourd’hui que l’OMH est confronté à ces occupations, à des occupations illicites comme ça ?
A. A. G. : En réalité, le boom a commencé dans les années 2014-2015.Je sais que les gens disent tout. Il est très facile de vérifier. On peut trouver chaque année, voir comment est-ce que le truc est en train d’aller. C’est-à-dire l’allure à laquelle. Et pour ceux qui sont là-bas, nous, on a des équipes qui sont là-bas. Il n’y a pas quelqu’un qu’on n’a pas empêché de construire. Aujourd’hui, tout le monde le sait, il y a même des constructions de nuit là-bas. Alors que bon, le site, il y a des endroits qui ne peuvent pas rester comme ça éternellement occupés par des gens. Le besoin est là pour nous, les bénéficiaires, les citoyens, ceux qui habitent la zone.
Mali Tribune : D’accord, cette action que vous appelez libération, est-ce qu’elle a une base juridique ?
A. A. G. : Oui, ça a une base juridique parce que ce truc, on a commencé il y a longtemps. Comme je l’ai dit. C’est depuis des années, qu’on est là-dessus. Le site, c’est un site déclaré d’autorité publique en 2009-2010, il y a eu deux déclarations et trois titres, sur le site là, les 1000 hectares. Il y a une affectation légale de ce site au ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. On a aussi une autorisation de démolition du gouverneur disant que rien ne doit exister sur le site si ce ne sont les logements sociaux. Il y a aussi un plan qui a été approuvé par le gouverneur et c’est ce plan, qu’on suit, c’est ce qui est en train d’être exécuté sur le terrain.
Mali Tribune : Est-ce que les occupants ont reçu des notifications et par quelle voie ?
A. A. G. : Oui, c’est ce qu’on est en train de faire avec les huissiers, mais aussi il y a une brigade de l’urbanisme qui est là-bas depuis des années. Elle donne des convocations à chaque fois qu’on prend les matériels et matériaux de construction et tout ça. On donne des convocations pour aller répondre. Ça, ce sont des choses qui se font tous les jours.
Mali Tribune : Est-ce qu’il y a eu des tentatives de médiation ou de régulation avec les occupants ?
A. A. G. : On les a rencontrés plusieurs fois, mais c’est surtout au cabinet pas à l’OMH. C’est au cabinet qu’ils vont, ils s’adressent aux ministres. Ils se sont adressés aussi à la Primature. Moi je sais qu’il n’y a pas un Premier ministre qui n’a pas reçu leur lettre depuis le temps d’IBK jusqu’à la date d’aujourd’hui. Tous les Premiers ministres qui sont passés, il n’y a pas un seul qui n’a pas reçu une de leurs correspondances. Donc à chaque fois, les Premiers ministres demandent de les rencontrer et on les a toujours rencontrés. On les a fait part de nos inquiétudes et du développement de la situation de l’occupation illicite qui continue, ils sont au courant, ils sont bien au courant. D’ailleurs ces dernières années, on constate même des constructions nocturnes. Nous pensons quand même que c’est la libération qui peut donner, qui peut sonner un arrêt à ces occupations.
Propos recueillis par
Koureichy Cissé
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